Ouganda: l’ONU dénonce des «manœuvres répressives» avant l'élection présidentielle

À six semaines des élections générales du 15 janvier 2026, l’ONU tire la sonnette d’alarme sur la dérive sécuritaire en Ouganda. Dans un communiqué publié mercredi 3 décembre, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, dénonce des « manœuvres répressives » visant l’opposition et les médias. Il appelle Kampala à cesser ces pratiques afin de garantir un scrutin « pleinement pacifique ».

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Selon le Haut-Commissariat, au moins 550 personnes ont été arrêtées depuis le début de l’année, dont plus de 300 au cours de la campagne électorale qui a débuté en septembre. L’organisation évoque des disparitions forcées, des arrestations arbitraires, des cas de torture, ainsi que l’usage d’une force disproportionnée par les forces de sécurité.

« Une cible facile », répond Kampala

Contacté par RFI, le ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Oryem-Okello, rejette fermement les accusations. « Le Haut-Commissariat de l’ONU cherche une cible facile. Il y a d’autres pays où les violations sont bien plus graves, où il y a des meurtres extrajudiciaires, mais l’ONU n’en parle pas », affirme-t-il.

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Le ministre insiste sur la stabilité du pays sous le NRM et le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986 et candidat à un nouveau mandat. « En Ouganda, tout se fait dans le cadre de la loi. Nous sommes l’oasis de paix et de sécurité de la région. Nous accueillons plus de deux millions de réfugiés, à un coût très élevé, et nous contribuons à la paix en Somalie et en RDC, là où d’autres ont échoué. Nous devrions être applaudis pour cela. »

Selon lui, l’Ouganda n’a « aucune obligation » envers l’ONU : « Nos obligations sont envers les Ougandais. Et si tous les acteurs respectent les règles et ne recourent pas à la violence, les élections seront pacifiques. »

Une campagne sous « violence d’État », selon l’opposition

L’opposition dépeint une réalité radicalement différente. Pour le NUP, le parti de Bobi Wine (Robert Kyagulanyi), la campagne se déroule sous une répression systématique. « Pour nous, cette campagne ressemble à une opération militaire : gaz lacrymogènes, tirs à balles réelles. Des gens sont morts, beaucoup sont blessés, et plus de 300 de nos partisans ont été arrêtés », dénonce Joel Ssenyonyi, porte-parole du parti.

Il ajoute que la police utilise des chiens renifleurs pour disperser les rassemblements, et accuse les forces de sécurité de viser les militants. « Certains sont ciblés par des tirs — y compris nous, les dirigeants. Bobi Wine doit désormais porter un gilet pare-balles et un casque pour faire campagne. C’est totalement inacceptable. »

Le NUP redoute un scénario comparable aux violences de 2021, lorsque la dernière campagne électorale avait fait au moins 54 morts, selon des ONG.

L’ONU demande des enquêtes « complètes et impartiales »

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, appelle les autorités ougandaises à ouvrir des enquêtes « complètes et impartiales » sur les allégations de disparitions forcées, de torture et d’arrestations arbitraires, et à indemniser les victimes.

La semaine dernière encore, au moins un jeune homme a été tué lors d’un rassemblement de Bobi Wine à Iganga, à une centaine de kilomètres de Kampala.

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