Ouganda : L’« Armée de l’ombre » de Museveni, le secret de sa longévité au pouvoir

Yoweri Museveni
Yoweri Museveni

À 81 ans, le président Yoweri Museveni s’apprête à briguer un nouveau mandat l’année prochaine, ce qui prolonge une ère de règne qui a débuté en 1986. Pourtant, au-delà des urnes, sa main de fer sur l’Ouganda repose de plus en plus sur une unité militaire d’élite souvent masquée et lourdement armée : le Commandement des forces spéciales (SFC).

Ses détracteurs n’hésitent plus à qualifier cette entité d’« armée privée » de la famille présidentielle, dont la mission serait de garantir la survie politique de Museveni et de sa dynastie, notamment son fils, le général Muhoozi Kainerugaba, qui a longtemps commandé le SFC.

Le SFC : Entre garde présidentielle et unité de répression

Le Commandement des forces spéciales (SFC) est au cœur des craintes de l’opposition et des défenseurs des droits humains. Le rôle officiel de cette unité est de protéger le président et ses installations stratégiques. Cependant, ses membres, parfois cagoulés et circulant en public avec des mitraillettes, sont perçus comme un outil de répression politique au service exclusif du pouvoir.

L’opposition dénonce l’utilisation du SFC pour enlever, torturer et assassiner des militants politiques, non seulement pendant les périodes électorales, mais tout au long de l’année. Ces allégations, que le SFC nie fermement, ont créé un climat de peur persistant. Les opposants craignent notamment que, comme cela aurait été le cas en 2021, le SFC soit déployé pour empêcher la tenue de leurs campagnes en vue du prochain scrutin présidentiel.

La militarisation croissante des scrutins

L’inquiétude monte d’un cran à l’approche de la présidentielle. En plus des actions du SFC, la police ougandaise a récemment annoncé le recrutement massif de 100 000 agents spéciaux pour une période de trois mois, officiellement pour « encadrer » la sécurité du vote.

Pour les défenseurs des droits humains, cette mesure est très préoccupante. L’histoire récente justifie les craintes : la présidentielle de 2021 a été la plus militarisée de l’histoire de l’Ouganda. Elle a été marquée par une présence massive de l’armée et de la police qui a conduit à la mort d’une cinquantaine de personnes lors d’affrontements et de manifestants.

Intimidation et privation du droit de vote

L’intimidation exercée par les forces de sécurité est déjà perceptible sur le terrain. Le principal candidat d’opposition, Robert Kyagulanyi, alias Bobi Wine, est constamment encadré par une forte présence policière, qui semble l’empêcher de faire campagne librement dans certaines zones.

Selon les observateurs, cette présence policière excessive crée un climat de peur qui pourrait dissuader les électeurs de se rendre aux urnes. La situation pourrait entraîner de fait une privation du droit de vote pour une partie de la population. Dans un pays où, depuis l’indépendance en 1962, le pouvoir n’a changé de mains que par la force, le rôle ambigu de cette « armée de l’ombre » et la militarisation des élections confirment que la stabilité de l’Ouganda est maintenue par une main de fer plus que par un véritable processus démocratique.

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