L’attaque d’une église catholique dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) par les ADF, un groupe armé affilié au groupe État islamique, a fait au moins 43 morts, selon un bilan de l’ONU communiqué dans la nuit du 27 au 28 juillet 2025. Ce massacre à Komanda, situé au sud de Bunia, a provoqué la consternation des autorités religieuses congolaises et du Vatican, tout comme celle de la société civile de la province de l’Ituri. Réactions.
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En Ituri, dans le nord-est de la République (RDC), au moins 40 civils ont été tués, dans la nuit de samedi à dimanche, dans l’attaque d’une église. Cela s’est passé dans le centre de Komanda, à plus de 70 kilomètres au sud de la ville de Bunia.
L’attaque est attribuée aux rebelles ougandais des ADF, affiliés au groupe État islamique. Quinze personnes sont également blessées, selon un bilan provisoire.
L’Église catholique dans le pays se dit choquée par la récurrence des attaques des ADF. Dans un communiqué, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) exprime son indignation, d’autant plus vive que l’Ituri est une des provinces placées sous état de siège depuis plusieurs années.
La « consternation » du pape Léon XIV
« On ne semble pas prendre la mesure de ces pertes en vies humaines, réagit Monseigneur Donatien N’shole, secrétaire général de la Cenco, au micro de notre correspondant Pascal Mulegwa. Ce n’est pas la première fois qu’on compte des dizaines de morts dans ce contexte-là. C’est dans une zone censée être protégée par l’action conjointe de forces armées congolaises et ougandaises et par la présence de la Monusco », la mission de l’ONU dans le pays.
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Il poursuit : « Ça nous dépasse un peu. En même temps, ça révèle la complexité de la situation sécuritaire dans cette partie du pays. Malheureusement, ce ne sont pas des questions qui seront prises en compte dans les accords de Washington [signés le 27 juin 2025 par la RDC et le Rwanda, NDLR] et ceux de Doha [déclaration de principe entre la RDC et le groupe armé M23, signée le 19 juillet, NDLR]. Raison de plus pour être vraiment exaspérés. »
Monseigneur Donatien N’shole conclut : « Nous insistons sur la mise en œuvre de l’initiative du pacte social pour que, avec l’aide de nos experts, qu’on puisse aussi creuser ce dossier. Que le gouvernement prenne d’abord ses responsabilités de sécurisation de la population. Et nous attendons de lui des enquêtes sérieuses pour identifier les assaillants et connaître leurs cahiers de charge. »
Par ailleurs, le pape a dit lundi sa « consternation » au lendemain de cette attaque, indique un télégramme publié par le Vatican : « Sa Sainteté le pape Léon XIV a appris avec consternation et profonde affliction l’attaque perpétrée contre la paroisse Bienheureuse-Anuarite de Komanda dans la province de l’Ituri, qui a causé la mort de plusieurs fidèles, rassemblés pour le culte. »
« Ça remet un peu en cause l’efficacité même des forces armées »
Sur place, les représentants de la société civile ne décolèrent pas non plus, à l’instar de Maître Augustin Kuratabo, avocat en Ituri. « C’est incroyable que les ADF arrivent, qu’ils opèrent pendant un long moment, qu’ils causent tous ces dégâts et, qu’après cela, ils partent aussi tranquillement, déplore-t-il au micro de Florence Morice. Il n’y a même pas eu une intervention des différents acteurs présents sur place : Forces armées de la RDC et Uganda People’s Defence Force. Vraiment, ça étonne ».
L’Ituri fait partie des provinces où opèrent les armées ougandaises et congolaises dans le cadre de leur opération conjointe, baptisée « Shujaa » et lancée pour éradiquer la menace ADF.
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Or, ce massacre de Komanda relance le débat sur l’efficacité de cette opération initiée il y a trois ans et demi et dont le périmètre a encore été étendu récemment, selon Augustin Kuratabo : « Ça remet aussi un peu en cause l’efficacité même de ces acteurs armés. On souhaiterait que ces forces puissent faire véritablement un travail en profondeur dans toute la forêt aux environs de Komanda, jusqu’à la limite avec Béni [dans la province voisine du Nord-Kivu, NDLR]. Ce serait une bonne option. Or, avec ce qu’il s’est passé à Komanda, on trouve que ces forces-là doivent se concentrer dans des zones où les ADF sont maintenant avant de s’étendre. Parce que dans les zones que les ADF occupent, il y a déjà des pertes en vies humaines. »
Le groupe Allied Democratic Forces, formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais, ont tué des milliers de civils et multiplié les pillages et les meurtres dans le nord-est de la RDC malgré le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés des forces armées congolaises (FARDC) dans la zone depuis 2021.