Nigeria: journée de paralysie pour exiger la libération de Nnamdi Kanu

Cinq ans après la répression du mouvement #EndSARS, des militants appellent à une journée de paralysie nationale, ce lundi 20 octobre, pour réclamer la libération du leader séparatiste biafrais Nnamdi Kanu, détenu depuis plus de quatre ans à Abuja. Une mobilisation inédite, soutenue au-delà de la région igbo, dans un climat de forte grogne sociale.
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Sous le mot d’ordre « Libérez Nnamdi Kanu maintenant », les manifestants entendent dénoncer ce qu’ils considèrent comme une justice à deux vitesses au Nigeria. « Le gouvernement réhabilite d’anciens membres de Boko Haram, mais laisse Nnamdi Kanu croupir en prison », dénonce Igboayaka O. Igboayaka, du Mouvement de la jeunesse igbo — une communauté du Sud-Est longtemps marginalisée depuis la guerre du Biafra. Selon lui, « si le gouvernement veut l’unité, il doit traiter tous les citoyens de la même manière ».
« Trahison » et « terrorisme »
Le leader du mouvement indépendantiste biafrais est détenu depuis 2021 pour « trahison » et « terrorisme », après son arrestation au Kenya et son extradition controversée vers le Nigeria. Depuis, son procès s’enlise, tandis que ses partisans dénoncent un traitement discriminatoire.
L’appel à manifester a été lancé par le journaliste Omoyele Sowore, figure pro-démocratie du Sud-Ouest, connu pour avoir lui-même été emprisonné sous la présidence de Muhammadu Buhari. Le mouvement dépasse désormais la seule cause biafraise : plusieurs personnalités politiques, dont l’ancien candidat Peter Obi, soutiennent la libération de Nnamdi Kanu.
Un ras-le-bol national
Pour le politologue Hassan Sardauna, cette alliance entre militants du Sud-Est et figures du Sud-Ouest « montre que même dans le camp du président Bola Ahmed Tinubu, on conteste désormais la détention de Kanu ». Selon lui, « le gouvernement devrait s’inquiéter de voir des Nigérians de régions différentes s’unir contre l’injustice et la mauvaise gouvernance ».
Au-delà du cas Kanu, c’est tout un ras-le-bol national qui s’exprime. « Les Nigérians ne sont pas seulement mécontents, ils sont frustrés », souligne Hassan Sardauna, pointant la flambée des prix et la fin des subventions sur le carburant décidée dès l’arrivée au pouvoir de Bola Ahmed Tinubu, en mai 2023.
Cette mobilisation intervient à une date hautement symbolique : cinq ans après la répression du mouvement #EndSARS, qui dénonçait les violences policières à Lagos. Un souvenir douloureux, qui ravive la crainte d’une nouvelle répression.
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