Niger: le bras de fer se durcit entre les autorités et la justice

Au Niger, le bras de fer se durcit entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. En plus du mot d’ordre des avocats, les magistrats ont entamé ce vendredi 15 août une grève illimitée à l’appel du SAMAN. Le syndicat autonome des magistrats du Niger proteste contre la radiation de deux de ses membres sur décret présidentiel. Ce syndicat, dissout, comme quatre autres du secteur de la justice, par les autorités il y a une semaine, a entamé des recours. Alors que le garde des sceaux les accuse de nuire au bon fonctionnement du service public, il dénonce une dérive autoritaire sans précédent et une atteinte à l’indépendance de la Justice.
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Au Niger, deux magistrats ont été radiés en deux jours par décret, sans explications. Le premier, Bagna Abdoul Nasser, a signé le communiqué du SAMAN, le syndicat autonome des magistrats du Niger, dénonçant la dissolution des cinq syndicats du secteur. Le second, Moussa Mahamadou, du même syndicat, a lui signé l’appel à une grève illimitée pour dénoncer la radiation de son secrétaire général.
Avant les magistrats, c’est le barreau qui avait appelé les avocats à débrayer pendant deux jours. Le secteur judiciaire dénonce de graves atteintes à la séparation des pouvoirs.
« C’est la première grande épreuve pour le régime militaire »
Pour Seidik Abba, président du centre international d’études et de réflexion sur le Sahel, « C‘est la première grande épreuve que le régime militaire nigérien affronte depuis sa prise de pouvoir. » D’autant qu’au-delà du monde judiciaire, différents syndicats ont pris position cette semaine pour exprimer leur solidarité et pourraient aller jusqu’à débrayer. « C’est la stabilité même du régime qui se joue », estime l’analyste nigérien.
Le 15 août, c’est l’union des étudiants des instituts, écoles professionnelles et techniques de Niamey qui a dénoncé la « prise en otage de la justice » par des personnes censées garantir son indépendance. Ces étudiants appellent les autorités à revenir sur les dissolutions, et à réintégrer les magistrats radiés.
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