Mozambique: une ONG porte plainte contre TotalEnergies pour «complicité de crimes de guerre»

Une ONG allemande, le European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR), a déposé plainte contre le groupe pétrolier français TotalEnergies. Transmise hier au parquet national antiterroriste à Paris, cette plainte accuse l’entreprise de « complicité de crimes de guerre », de « torture » et de « disparitions forcées » au Mozambique.

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Selon l’ONG ECCHR, TotalEnergies aurait « directement financé et soutenu matériellement » la Joint Task Force. Cette force armée composée de militaires mozambicaines est accusée d’avoir détenu, torturé et tué des dizaines de civils entre juillet et septembre 2021. Ces faits se seraient déroulés après une attaque des jihadistes d’Al Shebab contre la ville de Palma. Des civils fuyants l’assaut auraient alors été arrêtés et détenus dans des conteneurs métalliques situés à l’entrée du site du projet gazier Mozambique LNG.

Logement, aide, prime…

La major française – premier actionnaire et l’opérateur du projet gazier – est visée par cette plainte car cette task force a été constituée en 2020 à la suite d’un accord entre le pétrolier et les autorités mozambicaines pour sécuriser le site d’Afungi menacé par les jihadistes. Cet accord prévoit alors un appui au logement de cette force, une aide alimentaire ainsi que le versement d’une prime individuelle sous condition du respect des droits humains. 

La plainte a été déposée auprès du parquet national antiterroriste (Pnat) à Paris, compétent également pour les enquêtes sur les crimes internationaux. « Il apparaît impensable que TotalEnergies puisse opposer son ignorance des crimes de l’armée mozambicaine, mais aussi plus particulièrement des accusations de violations des droits humains visant la Joint Task Force, dès lors que la société les rapporte elle-même dans plusieurs documents internes transmis à ses financeurs publics », affirme à l’AFP Clara Gonzales, directrice du programme entreprises et droits humains à l’ECCHR.

« Couper tout lien direct »

La plainte de l’ECCHR s’appuie sur des révélations parues depuis 2024 dans Politico, SourceMaterial et Le Monde, que TotalEnergies conteste. Ses activités étaient à l’arrêt depuis avril 2021 pour « cas de force majeure » suite à une attaque d’ampleur. L’ONG assure pourtant avoir les preuves que Total suivait de prêt la situation et savait que des violations étaient commises. Dans un rapport commandité par la major elle-même, Jean-Christophe Rufin appelait en mars 2023 à « couper tout lien direct » avec la task force qui « en cas de violation des droits humains […]engage la responsabilité du consortium ».

 

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