Mondiaux de cyclisme: chaud, humide et en altitude, le parcours de Kigali va faire des dégâts
À Kigali, les cadors du peloton international vont devoir se surpasser pour s’offrir le maillot arc-en-ciel ce dimanche 28 septembre. Le circuit s’annonce comme un des plus difficiles de l’histoire des Mondiaux et il faudra avant tout vaincre un parcours digne d’une étape de montagne sur le Tour de France en termes de dénivelé.
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De notre envoyé spécial au Rwanda,
Le spectacle est garanti : la course hommes en ligne tracée autour de Kigali, au Rwanda, s’annonce compliquée avec ses multiples ascensions et son profil rare dans l’histoire des Mondiaux.
Jamais le pays des mille collines n’aura aussi bien porté son nom. Si cette édition est historique parce qu’elle se déroule en Afrique pour la première fois, elle l’est aussi par son exigeant parcours. Et en plus d’un climat différent, le Slovène Tadej Pogacar, le plus cité pour le titre, va devoir sortir le grand jeu.
Kigali se situe à près de 1 500 m au-dessus du niveau de la mer. Le peloton masculin ira même encore plus haut avec un passage au sommet du Mont Kigali qui culmine à 1 771 mètres d’altitude, du jamais vu pour les Championnats du monde de cyclisme sur route au XXIème siècle.
« Ça va être stupéfiant »
Pour retrouver la trace d’une édition disputée à de telles hauteurs, il faut remonter 30 ans en arrière avec un rendez-vous planétaire organisé à Duitama, en Colombie. Pour décrocher le maillot arc-en-ciel, il va falloir s’accrocher aux nuages. Le dénivelé sera de 5 475 mètres. « Ça va être stupéfiant », se félicite un chauffeur de taxi, alors que depuis le début des Mondiaux, les enfants qui sont en vacances pour l’occasion ne cessent d’arpenter le circuit pour applaudir les concurrents venus de plus de cent pays.
« Il n’y a pas vraiment de partie plate, ça monte et ça descend. Et les six kilomètres du Mont Kigali vont aussi être difficiles à avaler, raconte le Roumain Mattew Denis-Piciu, qui avait participé aux derniers Mondiaux à Zurich. Là-bas, la première partie de course était plate, ce qui avait facilité les échappées. Ici, ça va monter tout de suite », ajoute-t-il.
« Il faudra faire les efforts au bon moment et être intelligent. Chaque cartouche compte », prévient la Française Célia Géry, titrée chez les moins de 23 ans jeudi 18 septembre. « Ce n’était pas si chaud sans le soleil, et je n’ai pas souffert de l’altitude. Moi, cela me convenait parfaitement », a témoigné la Slovaque Viktoria Chladonova après sa médaille d’argent. Autre son de cloche, celui de la coureuse espagnole Paula Blasi, médaillée de bronze, pour qui l’altitude a été le plus difficile à gérer.
Pour le double champion du monde Julian Alaphilippe, la course sera forcément usante. « Je ne vois pas beaucoup de coureurs à l’arrivée, prévient le Français. Il va falloir de l’endurance pour aller au bout de ces 270 kilomètres ».
Avoir les jambes dans le mur de Kigali
Le mur de Kigali, avec ses 11 % de moyenne sur les 400 mètres et des passages à 19 %, sera un des endroits les plus surprenants de la course. Mercredi dernier, Remco Evenepoel, Tadej Pogacar, Isaac Del Toro, ou encore Tom Pidcock s’y sont frottés sous les regards des habitants de ce quartier très populaire. Au même moment, des ouvriers s’affairaient pour refaire une beauté à cette montée que le Tour du Rwanda arpente chaque année, ôtant des pierres et posant un peu de béton. Évoluant au milieu d’une circulation qui ne s’interrompt jamais, avec notamment les motos-taxi, filant dans tous les sens, le gratin du cyclisme mondial a pu se rendre compte que l’endroit valait le détour.
Cette pente au pays des mille collines rappelle que la bicyclette, au Rwanda, n’est pas qu’un sport, mais un outil de la vie quotidienne pour transporter des marchandises et des passagers. C’est dans ce paysage un peu particulier, mais si dépaysant pour les coureurs venus d’Europe, que le monde du vélo fera la fête.
