
Le Conseil constitutionnel du Cameroun examine 35 recours de candidats recalés à la présidentielle du 12 octobre. L’affaire Maurice Kamto, centrée sur une querelle de leadership au sein du Manidem, cristallise l’attention et divise la scène politique camerounaise.
Ce lundi 4 août 2025 à Yaoundé s’est ouvert au Conseil constitutionnel du Cameroun le contentieux préélectoral en vue de l’élection présidentielle du 12 octobre prochain. L’ensemble des représentants et avocats des candidats dont les candidatures avaient été rejetées par ELECAM, organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun, étaient présents.
Le Conseil constitutionnel s’est penché sur 35 recours déposés par ces candidats recalés à la présidentielle du 12 octobre. Parmi eux figurent l’opposant Maurice Kamto, arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle, Léon Theiller Onana du RDPC (parti au pouvoir) et l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary.
Le cas Léon Theiller contre Paul Biya
Le premier cas qui a retenu l’attention de l’illustre chambre était celui de Léon Theiller contre Paul Biya, tous deux candidats sous les couleurs du RDPC. Le candidat déclaré qui voulait défier le président sortant a invoqué l’incompatibilité de la candidature du président national du RDPC Paul Biya, argument qui a été rejeté par l’avocat du RDPC. Cela a permis au Conseil, après vérification des éléments présentés par le conseiller municipal de Monatélé, de déclarer juridiquement infondé son recours et de confirmer ainsi le rejet de sa candidature par ELECAM.
Issa Tchiroma Bakary : un conflit interne
La candidature de l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary avait aussi été contestée, mais le Conseil a déclaré que cette contestation était interne et devait donc être réglée par son propre parti, le Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC). Il faut noter que l’ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle figure parmi les 13 candidats retenus pour la course à la magistrature suprême.
L’affaire Maurice Kamto : quatre heures de débats
Le recours qui a marqué la journée du lundi 4 août au Conseil constitutionnel est le cas Maurice Kamto qui, pendant plus de quatre heures, a tenu en haleine la séance. Maurice Kamto, plaidant lui-même sa cause, affirme avoir respecté les règles légales pour être investi par le Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem).
Le débat portait essentiellement sur la question de la qualité des instances qui ont investi Maurice Kamto. D’un côté, Anicet Ekané, jusque-là reconnu par les autorités comme président du Manidem ; de l’autre, Dieudonné Yebga à travers le Comité National de Coordination.
Selon la défense de Maurice Kamto, Dieudonné Yebga avait été exclu du Manidem depuis 2018 et n’aurait donc plus qualité pour agir et poser le moindre acte au nom de ce parti. Elle dénonce ainsi une collusion entre ce dernier et le ministère de l’Administration territoriale, manœuvre qualifiée de « forfaiture », d’ »imposture » et de « déni de démocratie ».
En réponse, Dieudonné Yebga et ses conseils ont opposé les mêmes arguments, taxant Maurice Kamto d’illégitime. Ils soutiennent qu’il ne fait pas partie des militants du Manidem et aurait été investi de manière solitaire par le seul Anicet Ekané, au mépris des instances du parti qui proscrivent un tel procédé. Ils arguent donc que la seule candidature valable du Manidem était bien celle de Dieudonné Yebga.
Il est important de rappeler que selon le ministère de l’Administration territoriale, Anicet Ekané n’était plus en charge du parti Manidem depuis 2021.
Tensions et décision irrévocable contre Maurice Kamto
Alors que les forces de l’ordre dispersaient à coups de gaz lacrymogène des groupuscules de sympathisants de l’opposant Maurice Kamto, la décision sur le cas Kamto contre Yebga a été renvoyée à ce mardi 5 août à 15h00.
C’est donc à l’issue d’une journée de délibéré que le Conseil Constitutionnel a définitivement rejeté ce mardi 05 août le recours de L’opposant Maurice Kamto, considérant son recours comme étant « non fondé », confirmant ainsi l’invalidation prononcée le 26 juillet par le conseil électoral.
La Haute Cour a donc déclaré irrecevable le recours introduit par les avocats du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (MANIDEM) ; il faut noter que le recours introduit par Dieudonné Yabga, autre candidat prétendant défendre les couleurs du même parti a aussi été invalidé par le Conseil Constitutionnel
Ce rejet irrévocable condamne donc définitivement la candidature de Maurice Kamto à l’élection présidentielle du 12 octobre prochain, ouvrant ainsi le chemin non seulement aux autres opposants, mais surtout au RDPC, parti au pouvoir, qui n’a pas de challenger d’envergure nationale pour ce scrutin.