Maroc: le mouvement GenZ 212 à la recherche d'un second souffle

Confronté à un essoufflement des manifestations organisées la semaine dernière dans le royaume, le collectif annonce un changement de stratégie pour porter ses revendications. Fini les appels quotidiens à la mobilisation comme il l’a fait pendant 14 jours consécutifs, le mouvement entend désormais privilégier de nouvelles formes d’action.
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Avec notre correspondant à Casablanca, François Hume-Ferkatadji
Si, au Maroc, le mouvement GenZ 212 continue de réclamer une amélioration des services publics dans les domaines de l’éducation et de la santé ainsi que la libération « immédiate » de toutes les personnes arrêtées pour leur participation aux manifestations, le mouvement a, depuis ce week-end, décidé de changer de stratégie. Finis les appels quotidiens au rassemblement en divers points du pays comme il l’a fait pendant 14 jours consécutifs, entre le 27 septembre et le 10 octobre, place désormais à une nouvelle phase du mouvement que le collectif veut « plus efficace et plus influente ».
Qualifiée d’« étape stratégique », elle consiste en une suspension des appels à descendre tous les jours dans la rue – « pour une meilleure organisation et coordination » – ainsi qu’en de nouvelles formes de mobilisation. Exemples : l’appel au boycott du match Maroc – Congo qui s’est déroulé ce mardi 14 octobre, ou à celui de toutes les sociétés détenues par le Premier ministre Aziz Akhannouch : les stations-service Afriquia, les produits Danone ou encore l’eau minérale Sidi Ali.
« Il n’y a rien de concret ! »
Régulièrement aussi, une personnalité issue du monde militant, politique ou médiatique est invitée à converser sur le groupe en ligne ouvert sur la plateforme Discord. Officiellement fort de 212 000 membres actifs à ce jour – et même 278 000 si l’on inclut ceux qui se font plus discrets -, ce dernier reste très dynamique. Ce jeudi 16 octobre, c’est ainsi le fondateur des magazines TelQuel et Nichane, Ahmed Benchemsi, qui est aujourd’hui directeur de la communication de Human Rights Watch qui sera mis à l’honneur.
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Pour autant, cette nouvelle stratégie ne signifie pas que le mouvement GenZ 212 – qui n’a pas de leader identifié – a renoncé à toute forme de manifestation. Bien que les rassemblements de la semaine dernière aient commencé à s’essouffler, le collectif appelle par exemple « la jeunesse marocaine et tous les citoyens à se mobiliser massivement » samedi prochain 18 octobre.
Comme l’explique un conseiller juridique du mouvement qui ne souhaite pas donner son nom, celui-ci reste très mécontent des réponses que le gouvernement a apportées à leurs revendications. « Il n’y en a eu aucune, à part la piteuse prise de parole d’Aziz Akhannouch qui n’a fait que ressasser ce qu’il raconte depuis qu’il fait de la politique – et même pour cela, il a eu besoin d’un bout de papier ! », s’agace celui-ci avant de poursuivre : « Il n’y a rien de concret : aucune prise de décision, aucune remise en cause de la doctrine de ce gouvernement ni de sa façon de faire, de sa logique ou de son idéologie. Rien ! ».
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