Maroc: après les inondations meurtrières, les habitants se mobilisent

Au Maroc, le dernier bilan des inondations, dimanche 14 décembre, est monté à 37 morts, selon les derniers chiffres des autorités locales. Les victimes se concentrent dans la ville de Safi, sur la côte atlantique du Maroc et même plus précisément dans la médina, le quartier historique. L’eau s’est retirée et a laissé derrière elle un paysage de désolation.
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Avec notre envoyé spécial à Safi, Matthias Raynal
Partout cette boue gluante, d’un marron sombre, dans laquelle les habitants pataugent. Ils sont nombreux, des dizaines, des centaines à arpenter les ruelles dévastées de la médina comme simples témoins ou volontaires pour déblayer, nettoyer, remettre en ordre. Les autorités ont déployé un important dispositif d’engins sur place pour évacuer la boue. À l’aide de raclettes ou au bulldozer, la médina tente d’effacer les traces de la catastrophe qui l’a frappée, dimanche après-midi.
L’une des ruelles principales, très commerçante, celle qui débouche sur le mausolée Sidi Bou Dhahab et sur l’océan Atlantique s’est transformée, dimanche, en fleuve violent. Des enchevêtrements d’objets jonchent le sol : ici un tajine brisé, là une branche et un mannequin de boutique de vêtements… De nombreux vendeurs sont morts, surpris par la montée rapide des eaux, témoigne l’un d’entre eux qui est parvenu miraculeusement à s’en sortir, en s’accrochant à une structure métallique, avant d’être secouru in extremis.
Les visages sont fermés, les traits tirés, beaucoup n’ont pas dormi depuis la veille. Malgré la douleur et le deuil, les habitants s’accrochent à une dernière lueur d’espoir : cette solidarité qui, spontanément, s’est manifestée. À la fin de la journée, des distributions de repas avaient lieu un peu partout, ce lundi 15 décembre. Une jeune femme, croisée à l’entrée de la médina, a rempli sa voiture de vivres. Elle explique, les larmes aux yeux : « On ne pouvait pas dormir et manger, en sachant que certains n’ont plus rien ».
«Les jeunes de Safi sont très mobilisés»: dans cette ville ravagée par les eaux, une solidarité spontanée
Les autorités continuent, de leur côté, les opérations de recherche, de sauvetage et d’assistance à la population sinistrée.
Un été qui s’éternise et des sols qui doivent se réadapter
À ce stade, il est trop tôt pour savoir à quel point le réchauffement climatique est responsable de cette brutale et soudaine montée des eaux et même si la hausse des températures contribue à renforcer l’évaporation de l’eau. Mais comment expliquer ces inondations ? Jointe par RFI, Meryem Tanarhte, enseignante-chercheuse à l’université de Casablanca, répond à cette question.
« Ce sont des cyclones qui arrivent de l’Atlantique, de la vapeur d’eau qui arrive de l’Atlantique. Il y a eu une quantité de pluie qui s’est déversée en très peu de temps. En France par exemple, on le voit assez souvent. Mais ici, ce sont bien sûr des phénomènes rares. Les pluies commencent normalement en octobre mais on a eu un été qui a duré jusqu’à novembre, très chaud et avec des vagues de chaleur jusqu’à novembre. Et d’un coup, la pluie est arrivée, il y a deux ou trois semaines alors que nous avons une sécheresse qui dure depuis six ans. Les sols, les réseaux d’assainissement dans les villes… Tout doit se réadapter à une pluie qui n’est pas là depuis six ans. Et puis, il y aussi la population qui augmente dans les villes. Tout cela fait que justement, il va y avoir un impact sur l’adaptation », souligne Meryem Tanarhte, enseignante-chercheuse à l’université de Casablanca.
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