Manifestations à Madagascar: le ministre de l'Énergie limogé et les principales villes sous couvre-feu

À Madagascar, le mouvement de protestation s’est propagé vendredi 26 septembre à plusieurs villes du pays, dont Diego Suarez, où des affrontements violents ont été constatés entre manifestants et forces de l’ordre. En plus de la capitale Antananarivo, où le calme a régné pendant la nuit, plusieurs grandes villes du pays se trouvaient sous couvre-feu.

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Le mouvement de colère qui secoue Madagascar, à l’origine concentré à Antananarivo et Antsirabe s’est amplifié ce 26 septembre dans les principales villes côtières, rapporte l’un de nos correspondants à Antananarivo, Guilhem Fabry. À Diego-Suarez, dans l’extrême-nord, des centaines d’étudiants de l’université publique se sont réunis dans la matinée. Ce 26 septembre au soir, des barrages ont été érigés après une journée d’affrontements violents, au cours desquels l’hôtel des Finances a été incendié.

Des scènes de pillage y ont aussi été rapportées, comme à Tamatave et Majunga où des étudiants se sont réunis en nombre pour revendiquer leur droit à l’eau et à l’électricité. Le profil des manifestants était plus familial à Tuléar, dans le sud. Toutes ces villes sont depuis le soir du 26 septembre sous couvre-feu. Il sera renouvelé jusqu’au rétablissement de l’ordre.

Le calme partiellement revenu dans la capitale

À Antananarivo, les jeunes du collectif Gen Z ont prêté main forte aux victimes de pillages pour nettoyer les dégâts. La capitale, d’habitude encombrée et bruyante, était complètement déserte en fin de journée à l’approche du couvre-feu. Les écoles sont restées fermées toute la journée.

Sur les lieux de pillages dans la capitale, partout, les employés et bénévoles s’affairent pour faire disparaitre les traces d’une nuit cauchemardesque, relève l’une de nos correspondants à Madagascar, Sarah Tétaud. Cette libraire est sous le choc. « On n’a plus les mots, on ne s’y attendait pas, sinon on aurait mis de côté. Tout est saccagé, il ne reste que 10 % des livres. C’est dur. En plus ce n’est pas la première fois. En 2009, on a déjà subi ça aussi ».

Balais à la main, à ses côtés, son mari explique : « Si les forces de l’ordre avaient laissé les manifestants s’exprimer sur la place de la démocratie, on n’en serait pas là. À cause de la pauvreté, du manque d’éducation, il y a la frustration qui s’est accumulée. Certains ont voulu exprimer leurs idées pacifiquement. D’autres ont voulu manifester par la violence, et bien sûr, il y a eu les profiteurs et les bandes organisées ».

Extension de la colère

Si dans certains quartiers de la capitale, les pillages ont perduré toute la journée, dans le reste du pays, les manifestations de colère ont aussi pris de l’ampleur. C’est à Diego-Suarez que les affrontements entre forces l’ordre et population ont été les plus violents, comme le raconte Geoffrey, un habitant.

« En voyant ce qui se passait à Tana, on savait qu’on aurait droit à une flambée des prix et on a commencé à tous faire des provisions. D’un coup est arrivée la gendarmerie. J’ai vu la foule de manifestants mettre des débris sur la route pour créer des barrages. Dès 10h, les coups de feu ont retenti dans la ville. Les étudiants ont porté leur camarade décédé, tué par balles réelles par les forces de l’ordre à travers la ville. Ils étaient très nombreux, je pense, plus de 2 000 personnes. Ils l’ont apporté jusqu’à la résidence du gouverneur de la région Diana. Ils l’ont posé devant avec des pancartes où il était écrit « nous voulons de l’eau« , « nous voulons de l’électricité« , « nous ne voulons plus de corruption« . On en parle moins qu’à Tana, mais depuis des semaines, il fait noir, jour et nuit à Diego. Et aucune solution n’est apportée. Ce qui fait que le ras-le-bol est vraiment là ».

Réaction du président malgache

Le président Andry Rajoelina s’est adressé à la nation le soir du 26 septembre pour appeler au calme. Il s’est dit prêt à écouter les jeunes mobilisés pour trouver des solutions au délestage et à la pénurie d’eau. Il a affirmé déplorer la récupération politique du mouvement pacifique des jeunes.

Selon le président Rajoelina, « des mercenaires ont été payés pour piller et semer le trouble dans la capitale, à la suite d’incitations manifestes à la haine et à la violence relayées quelques jours plus tôt par les meneurs de l’opposition sur les réseaux sociaux ». Au cours de cette intervention de huit minutes, il a qualifié les violences des derniers jours d’actes de déstabilisation, évoquant même « une forme de coup d’État ». Il a aussi annoncé le limogeage de son ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean-Baptiste, jugé incompétent.

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