Mali: l'armée investit le vaste site d'orpaillage d'Intahaka

Au Mali, la reprise en main par l’État du vaste site d’orpaillage d’Intahaka, près de Gao (Nord), a commencé. Les autorités de transition avaient déjà accordé un permis d’exploration à la société nationale minière Sorem pour ce site il y a plus d’un an. La semaine dernière, un ultimatum a été fixé aux mineurs traditionnels, sommés de cesser leurs activités. Depuis jeudi 23 octobre, l’armée est venue s’en assurer. Les orpailleurs s’inquiètent désormais pour leur avenir.

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Un important détachement est arrivé dans le village d’Intahaka jeudi 23 octobre. Les militaires y ont passé la nuit et d’autres sont attendus aujourd’hui, qui doivent se rendre sur le site minier lui-même. L’armée n’a pas communiqué sur son arrivée dans la plus importante mine d’or artisanale du pays, mais selon les sources locales jointes par RFI, les militaires ont expliqué venir sécuriser les lieux et y restaurer l’autorité de l’État. Conformément à l’ultimatum fixé la semaine dernière par le commandement militaire dans la zone, qui avait donné jusqu’à mercredi 22 octobre aux orpailleurs pour cesser leurs activités, sous peine de s’exposer à des sanctions.

« Nous ne vivons que de ça »

Avertis par des communiqués diffusés sur les radios locales, des centaines d’orpailleurs ont commencé à quitter les lieux ces derniers jours, principalement à destination de Gao, à 80 kilomètres de la mine, ou du Niger voisin, d’où sont originaires de nombreux orpailleurs. Plusieurs milliers de mineurs traditionnels travaillent habituellement sur ce site de plus de 97 kilomètres carrés, pour lequel un permis de recherche a été attribué en août 2024 à la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali, 100 % publique. La Sorem est censée mener des « travaux de recherche en vue de la découverte de gisement économiquement exploitable ». Objectif, à terme : faire briller l’or d’Intahaka dans les caisses de l’État.

« Qu’allons nous faire ?, s’alarme un orpailleur joint par RFI, nous ne vivons que de ça. » Cette source souhaite se faire enregistrer officiellement, mais ignore comment et demande à l’État de trouver des solutions pour les orpailleurs, dont les familles dépendent de cette activité. 

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Menaces du FLA

Depuis un peu moins de dix ans, tout ce que le Mali compte de groupes armés est passé par Intahaka pour taxer les orpailleurs. Un « business » qui a même donné lieu à des affrontements par le passé. Ces dernières années, le site était géré par le Gatia, groupe armé local allié des autorités de transition. En février 2024, l’armée et ses supplétifs de Wagner avaient débarqué à Intahaka, alimentant les spéculations sur les vues du groupe paramilitaire russe sur l’or d’Intahaka. Les orpailleurs avaient finalement pu poursuivre leurs activités. 

Les rebelles indépendantistes du Front de libération de l’Azawad (FLA) estiment quant à eux que l’exploitation d’Intahaka par la société nationale malienne est une « spoliation des ressources naturelles de l’Azawad », terme qui désigne les régions du nord du Mali. Dans un communiqué daté du 15 octobre, le FLA menace et affirme sa détermination à « défendre, par tous les moyens légitimes, les ressources naturelles et les intérêts vitaux de son peuple ».

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