Mali: comment les chrétiens fêtent Noël dans les zones contrôlées par les jihadistes du Jnim

Les membres de la minorité chrétienne du Mali fêtent traditionnellement Noël avec la bienveillance de leurs voisins musulmans, qui sont même souvent associés aux festivités. Mais la joie partagée et les célébrations ne sont plus possibles partout. Les jihadistes du Jnim contrôlent en effet de larges parties du territoire malien. Comment les chrétiens de ces villages se débrouillent-ils pour fêter Noël malgré tout ? Illustration avec ce témoignage d’un chrétien de Bandiagara. Pour sa sécurité, RFI préserve son anonymat.
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Dans la ville de Bandiagara, au centre du Mali, réveillon et messe de Noël sont assurés. Mais dans la région de Bandiagara, particulièrement dans le cercle de Koro, de nombreux villages subissent la domination des jihadistes du Jnim, qui imposent leurs lois et ne permettent évidemment pas aux chrétiens de vivre leur foi librement. Ces chrétiens ne sont pas persécutés, leur présence est tolérée, moyennant le versement d’une taxe spécifique, mais de nombreuses églises sont fermées.
Pourtant, tous ne renoncent pas à fêter Noël. « Les habitants se déplacent », explique un chrétien de la région de Bandiagara, très impliqué dans la vie de la communauté. « Une bonne partie des habitants de ces villages vont gagner les chefs-lieux de leur secteur pour pouvoir participer à la messe. C’est fait en commun accord avec les responsables, les curés, les catéchistes qui sont dans ces localités. Ils voient comment les différents villages peuvent se regrouper ou bien, si les prêtres sont disponibles, alors ces derniers essaient de se rapprocher au plus près des villages pour pouvoir fêter Noël. »
Mais même se déplacer est un risque, notamment pour les femmes, obligées d’obéir aux prescriptions jihadistes jusque dans les véhicules. « Nos femmes chrétiennes sont obligées de se voiler pour pouvoir se déplacer et célébrer cette fête de Noël », témoigne encore ce fidèle de la région de Bandiagara. « Il est donc difficile de se sentir à 100% dans sa peau de chrétien et de fêter Noël en toute tranquilité ».
Le mois dernier, le pèlerinage chrétien de Kita a dû être annulé. L’épiscopat avait renoncé à cet évènement d’envergure nationale, en raison de la menace sécuritaire et de la pénurie de carburant imposée dans le pays par les jihadistes.
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