Mali: assiste-t-on à la reprise ou à la sortie de la crise du carburant?

À Bamako, au Mali, après plusieurs semaines de grave pénurie de carburant provoquée par le blocus jihadiste initié début septembre par le Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), puis une dizaine de jours de quasi-retour à la normale, la situation se dégrade à nouveau depuis mercredi 3 décembre. En région, la situation demeure précaire. Les autorités de transition dénoncent de « fausses informations » et assurent que la situation est « positive ».
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Des Bamakois alertaient depuis plusieurs jours déjà sur le manque croissant de gasoil (diesel). Désormais, tous les habitants de la capitale du Mali, joints par RFI, constatent que des stations qui avaient rouvert la semaine dernière ferment à nouveau, et que les longues files d’attente pour faire le plein d’essence sont de retour. « Hier soir, je suis allé à la station avec ma moto mais je suis rentré bredouille, déplore un habitant de la capitale. Il y a même eu une bagarre et ils ont arrêté la distribution. »
« Ravitaillement normal », selon les autorités
Les témoignages de ce type commençant à apparaître sur les réseaux sociaux, le comité interministériel de gestion des crises et des catastrophes a immédiatement démenti par communiqué de « fausses informations » diffusées par « des personnes mal intentionnées » pour « semer la panique », ce jeudi 4 décembre. Selon les autorités de transition, les convois de camions-citernes sous escorte militaire continuent d’être « régulièrement réceptionnés » et « le ravitaillement des stations-service se poursuit normalement ».
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« Foutaise »
« C’est de la foutaise ! », s’emporte un Bamakois. « Et pourtant, les files sont bien visibles », relève plus sobrement un autre. « Les rangs devant les stations sont un fait, réagit un troisième. Mais s’ils font des stocks et qu’ils ne donnent pas encore l’essence aux stations, alors ce sont eux les responsables ! »
Dans le même temps, des citernes ont pu être acheminées en région : à Ségou et à Koutiala la semaine dernière, à San lundi 1er décembre ou encore à Mopti mercredi, alors que la ville vient de passer presque deux mois sans carburant ni électricité – depuis le 7 octobre. D’autres localités « en tension », comme Bandiagara, pourraient l’être bientôt, d’après les annonces du gouvernement de transition. Du mieux donc, même si les besoins habituels sont loin d’être satisfaits.
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Trêve ?
Cette situation volatile alimente les rumeurs qui n’ont cessé d’enfler ces derniers jours sur une trêve dans les attaques de citernes, que les autorités de transition auraient obtenu en échange de la libération de jihadistes détenus. Des rumeurs que RFI n’a pas été en mesure de recouper auprès de suffisamment de sources et qui demeurent donc invérifiées. Mais celles-ci, dans le contexte, nourrissent abondamment les discussions et les questionnements des populations. Certains journaux maliens ont même osé s’en faire l’écho.
Le 18 novembre, le Jnim a annoncé un durcissement à venir du blocus. Mais depuis, au contraire, les attaques contre les convois de camions-citernes ont cessé presque du jour au lendemain. Le renforcement des escortes de l’armée malienne, avec l’implication de l’Africa Corps russe, a-t-il suffi à changer la donne ? Le Jnim se prépare-t-il à de nouvelles actions ? Les attaques appartiennent-elles au passé ou reprendront-elles ?
Devant tant de signaux contradictoires, les Maliens ne peuvent qu’espérer et constater au jour le jour.
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