Madagascar: une série de nominations de juges et chefs de région fait polémique

À Madagascar, la présidence de la Refondation a procédé à près de 130 nominations par un décret publié lundi 22 décembre, mais certaines d’entre elles suscitent la controverse. Et pour cause, leur légalité pose question. C’est notamment le cas pour la désignation de trois nouveaux juges à la Haute Cour constitutionnelle alors que le mandat de leurs prédécesseurs n’était pas achevé.
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Avec notre correspondant à Antananarivo, Guilhem Fabry
Le décret présidentiel publié lundi 22 décembre 2025 constate la démission de trois Hauts Conseillers de la Haute Cour constitutionnelle, nommés en 2021 par l’ancien chef d’État, Andry Rajoelina, pour un mandat fixé à sept ans par la Constitution. Le décret indique que le président de la Refondation s’appuie pour cela sur une lettre du président de la Haute Cour constitutionnelle l’ayant avisé de leur décision.
Cependant, les trois Hauts Conseillers en question démentent aussitôt, dans un courrier rendu public, avoir présenté une quelconque démission au président de la Haute-Cour. « Aucune procédure de constatation de vacance de siège, conforme aux règles constitutionnelles et organiques applicables, n’a été engagée ou menée à son terme à notre encontre », affirment-ils. Les trois nouveaux membres nommés pour les remplacer ont officiellement pris leurs fonctions le 23 décembre, après des échanges entre leurs prédécesseurs et la Présidence au Palais d’État d’Iavoloha.
Nomination de six chefs de région
Le même décret publié lundi a aussi approuvé la nomination de six chefs de région par intérim. Or, la Constitution prévoit qu’ils soient élus au suffrage universel direct. Parmi ces nouveaux chefs de région figure Clémence Raharinirina, nommée à la tête de l’Analamanga, la région d’Antananarivo. Conseillère municipale d’opposition dans la capitale, elle a fait partie des instigateurs des manifestations du 25 septembre 2025 ayant conduit à la chute d’Andry Rajoelina avec Alban Rakotoarisoa, dit Baba, nommé lundi directeur général de l’Aviation civile de Madagascar, et Lily Rafaralahy, nommée le 28 octobre ministre du Tourisme et de l’Artisanat. Fin novembre, dix organisations de la société civile avaient dénoncé le lancement d’un appel à recrutement pour les chefs de région censés être élus, évoquant une « violation de la Constitution » et des « signes inquiétants de continuité. »
Autre nomination polémique, particulièrement critiquée par la Gen Z : celle de Onitiana Realy comme directrice de cabinet civil à la présidence de la Refondation. Ministre sous Hery Rajaonarimampianina de 2015 à 2018, elle a été suspectée de détournements de fonds publics.
Et mercredi, la Haute Cour constitutionnelle a démis de leurs fonctions deux sénateurs emblématiques de l’ère Rajoelina : Richard Ravalomanana, qui était président du Sénat jusqu’à la chute d’Andry Rajoelina, et Lalatiana Rakotondrazafy. Ils sont considérés par la Haute Cour constitutionnelle comme démissionnaires d’office après avoir été absents de l’ensemble des débats consacrés au budget 2026.
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