Madagascar : un pas en arrière pour mieux se relancer ?

Colonel-Michael-Randrianirina
Colonel-Michael-Randrianirina

L’actualité politique à Madagascar est en pleine ébullition. Moins de trois mois après avoir accédé à la présidence tournante de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), les autorités de transition malgaches ont annoncé leur retrait de cette fonction. Cette décision, rendue publique samedi, envoie un signal clair. Le nouveau régime, issu d’un soulèvement populaire en octobre, choisit de concentrer ses efforts sur la « Refondation » nationale, quitte à reléguer ses obligations régionales au second plan.

Une démarche inédite qui soulève des questions sur la diplomatie et les priorités internes de la Grande Île.

Priorité à la « Refondation » nationale

La raison de ce renoncement est connue : la volonté de concentrer tous les efforts du pays autour du redressement institutionnel et socio-économique. Le gouvernement a motivé sa décision par « l’évolution du contexte politique national ». Elle s’appuie sur la vacance du pouvoir constatée par la Haute Cour constitutionnelle le 14 octobre 2025. Le colonel Michaël Randrianirina, investi Président de la Refondation de la République de Madagascar, a placé au cœur de son mandat la réforme des institutions, la cohésion nationale et la stabilité durable.

Selon un communiqué de la Présidence de la Refondation, ces priorités traduisent la volonté populaire. Elles exigent une « mobilisation totale du gouvernement », jugée incompatible avec l’exercice des fonctions de président de la SADC.

Le contexte du changement de régime

Madagascar avait pris la tête de l’organisation régionale le 17 août dernier. L’événement marquait le 45e Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement, encore sous l’administration du président Andry Rajoelina. Quelques jours plus tard, un mouvement populaire conduit par la jeunesse a provoqué la chute du régime. Une phase de transition s’est alors ouverte.

Le colonel Randrianirina, ancien gouverneur et officier, affirme mener une « refondation en profondeur » dans la légalité. Il a rejeté toute accusation de coup d’État, assurant qu’« aucune violence n’a été commise, aucun palais attaqué ». Dans la foulée, un Premier ministre civil a été nommé. Un gouvernement de 29 ministres a ensuite été formé.

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Feu vert à la réforme avant les urnes

Dans l’immédiat, la priorité n’est pas aux élections anticipées. Les nouvelles autorités entendent d’abord s’attaquer à la réforme de la Commission électorale nationale et à l’assainissement des listes électorales, conditions sine qua non pour envisager l’organisation de nouveaux scrutins. Le chef de l’État malgache insiste sur la nécessité de mener cette transition « sans précipitation ». Il privilégie la légitimité du processus en cours. Ce choix d’une pause électorale technique renforce l’idée d’une focalisation sur les chantiers internes avant tout engagement international majeur.

Un attachement réaffirmé à la SADC

Malgré ce retrait, Antananarivo tient à rassurer ses partenaires. Les autorités malgaches ont réaffirmé leur attachement à la SADC et à ses idéaux d’unité régionale. Le communiqué de la Présidence de la Refondation est catégorique : « Ce choix ne remet nullement en cause l’engagement de Madagascar envers la SADC et ses valeurs fondatrices ». La Grande Île continuera à « œuvrer de concert avec ses partenaires pour une Afrique australe intégrée et prospère ». Ce choix démontre que le renoncement à la présidence est une question de priorités logistiques et politiques nationales, et non un désengagement diplomatique. La coopération avec les 15 autres États membres de la SADC se poursuit, mais avec la consolidation interne au centre de l’action gouvernementale.

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