Les droits de douane sur les exportations malgaches vers les États-Unis seront de 15 % dès le 7 août. Le secteur textile risque de perdre en compétitivité face à l’Afrique et à l’Asie.
La décision était attendue avec appréhension. Le 7 août prochain, les exportations malgaches vers les États-Unis seront soumises à un droit de douane de 15 %, contre 10 % jusqu’à récemment. Une révision tarifaire décidée par Washington dans le cadre d’une réforme plus large de sa politique commerciale. Si cette hausse reste en deçà des 47 % annoncés en avril dernier, son impact sur la compétitivité du textile malgache suscite des interrogations.
Le secteur est particulièrement exposé : 54,8 % des exportations vers les États-Unis concernent des produits textiles, selon les données disponibles. Certains observateurs s’inquiètent de la capacité de Madagascar à rester attractif dans ces conditions. « Un différentiel de 5 % avec des pays comme le Kenya peut sembler faible, mais il pèse lourd dans les décisions d’achat », note un économiste basé à Antananarivo. À cela s’ajoute la concurrence de pays asiatiques comme le Cambodge ou le Vietnam, dont les exportations vers les États-Unis subissent des taxes parfois plus élevées (20 %), mais s’appuient sur des structures industrielles plus compétitives.
D’après les annexes de l’Executive Order signé par le président américain, certains produits, comme la vanille, conservent un taux douanier nul. « Cela tient probablement à leur spécificité et à une reconnaissance de leur qualité », avance un analyste du commerce extérieur. Pour autant, la question reste ouverte : cette mesure sera-t-elle suffisante pour éviter un désengagement progressif des clients américains dans le secteur textile ?
Du côté du Groupement des Entreprises de Madagascar, on évoque « un effort collectif ayant permis d’atteindre une solution plus soutenable ». La réduction du taux à 15 % est le résultat d’un plaidoyer actif mené par les autorités malgaches, en lien avec les acteurs du secteur privé. Ce processus a impliqué plusieurs ministères, la douane, ainsi que des partenaires sectoriels tels que ceux de la vanille, des mines ou du textile.
Le caractère unilatéral et révisable du décret laisse cependant peu de garanties sur la durée. Contrairement à l’Agoa – un texte voté par le Congrès – cette décision peut être modifiée à tout moment. Et avec la fin possible de l’Agoa dès septembre, le contexte reste mouvant. « La priorité reste de renforcer la résilience du secteur, de diversifier les débouchés et de structurer des négociations commerciales plus solides », estime un responsable du ministère de l’Économie.