Madagascar: Relance économique – Le secteur privé au coeur de la refondation

Dans un contexte de transition politique marqué par la volonté affichée de « refonder » l’action publique, les échanges entre l’État et les organisations patronales prennent une dimension stratégique. La rencontre tenue à Mahazoarivo entre le Premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo et les représentants du secteur privé a marqué un tournant : les entreprises malgaches ne veulent plus être de simples spectatrices, mais des actrices centrales de la relance économique.
Un dialogue renoué, une vision affirmée
Selon plusieurs participants, dont Fiona Tsiranana, présidente du FOM (Fikambanan’ny Orinasa Malagasy), cette première séance de travail a posé les bases d’un partenariat plus structuré. Le Premier ministre a rappelé que Madagascar devait rompre avec une économie de rente pour basculer vers une économie de création de valeur, misant sur la compétitivité, la production et l’innovation.
« Le changement commence maintenant », a-t-il martelé, en affirmant que la relance économique constitue la priorité absolue du gouvernement.
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Des attentes claires : assainir, clarifier, accélérer
Face à cette ouverture, le secteur privé a présenté un ensemble de demandes jugées urgentes pour améliorer le climat des affaires. En tête : une réforme profonde du système fiscal. Patrons et opérateurs réclament un cadre plus lisible et équitable, capable d’encourager l’investissement tout en soutenant la formalisation des petites entreprises et des coopératives.
La transparence, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ont également été posées comme des fondations indispensables à une croissance durable. « Le partenariat doit reposer sur des bases saines si l’on veut qu’il bénéficie réellement à la population », souligne un des représentants patronaux.
La TRE 2025 : un nouveau contrat économique
Dans la perspective de la Table ronde économique 2025, une transformation plus profonde du rôle des entreprises se dessine. Le secteur privé n’y est plus un simple bénéficiaire, mais un co-acteur de la politique économique. L’implication renforcée de l’Union européenne, premier partenaire économique du pays, donne une cadence nouvelle : celle de l’innovation, des résultats mesurables et de la co-construction.
Les entreprises malgaches sont appelées à devenir non seulement créatrices d’emplois, mais aussi productrices d’impact économique, capables d’élever le niveau de compétitivité nationale.
Un potentiel encore sous-exploité
Mais les défis demeurent. Dans l’artisanat comme dans l’exportation, la compétitivité reste fragile. Fiona Tsiranana cite l’exemple d’un client étranger prêt à commander, mais qui s’est ravisé en raison d’un écart de prix défavorable face à l’Asie. Une situation qui illustre un problème structurel : coûts élevés, productivité insuffisante, logistique complexe.
Pour elle, pourtant, « le savoir-faire malgache est un trésor qui mérite d’être valorisé sur la scène internationale ». La refondation économique ne pourra se faire sans un effort collectif pour améliorer les chaînes de production, moderniser les outils et faciliter l’accès aux financements.
Vers une alliance stratégique durable
La rencontre de Mahazoarivo a ouvert une voie : celle d’une coopération renouvelée, fondée sur le respect mutuel, la solidarité et l’unité nationale. Le gouvernement affirme vouloir faire de ces principes les moteurs de son action, autour de six priorités : lutte contre la corruption, transparence, gouvernance exemplaire, valorisation du travail bien fait, innovation et coordination efficace.
Si cette alliance se confirme, l’État et le secteur privé pourraient bâtir ensemble les fondations d’une relance économique solide et inclusive. À condition que les engagements posés aujourd’hui trouvent, demain, des résultats concrets.

