Madagascar: magasins et entreprises accusent le coup après les pillages

À Madagascar, la population attendait dans l’angoisse la journée du lundi 29 septembre, où de nouvelles manifestations sont attendues. Si aucun incident majeur n’a été signalé ce dimanche, les grandes villes du pays portent encore les stigmates des violences des derniers jours, sans qu’un bilan précis n’ait été établi. Beaucoup d’entreprises ont tout perdu et se pose désormais la question de l’approvisionnement en produits de première nécessité après les pillages qui ont ciblé magasins et centres commerciaux. 

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Avec nos correspondants à Madagascar, Sarah Tétaud et Guilhem Fabry

À Madagascar, le bilan économique des actes de pillage et de vandalisme n’a pas encore été dévoilé. Les conséquences sociales, elles, s’affichent déjà crûment : les emplois seront-ils maintenus ? Les salaires versés ? La capitale Antananarivo a toutefois connu une journée calme ce dimanche 28 septembre. Dans plusieurs quartiers, notamment à Ankadifotsy, des habitants ont veillé toute la nuit pour protéger leurs biens.

Après avoir connu affrontements et pillages vendredi, les villes de Diego-Suarez, dans l’extrême-nord, et de Tamatave, sur la côte est, ont aussi retrouvé un calme précaire depuis le 27 septembre. Mais la plupart des commerces et des banques restent fermés, tout comme de nombreuses stations essence. Et l’inquiétude reste vive quant à la journée de ce lundi 29 septembre, où de nouvelles mobilisations sont attendues, laissant craindre qu’elles soient débordées par des groupes de casseurs. 

Alors que des magasins et centres commerciaux ont été saccagés, le groupement des professionnels de la grande-distribution a averti que les pillages et destructions compromettaient gravement l’approvisionnement en biens essentiels pour des millions de Malgaches. En plus de fragiliser le tissu des producteurs locaux. De nombreux professionnels ont aussi lancé des appels sur les réseaux sociaux pour tenter de récupérer leur matériel volé.

Le président Rajoelina sur le terrain

Le président Andry Rajoelina, de retour sur la Grande Île, a convoqué au Palais d’Iavoloha les ministres des Forces armées et de la Sécurité publique pour transmettre ses instructions afin de rétablir la paix publique. Venu sur le terrain pour la première fois depuis son retour des États-Unis le 27 septembre, le chef de l’État malgache a déclaré « reconnaître les erreurs s’il y en a eu ». Il a annoncé que « tout ce qui serait désormais entrepris viserait uniquement à protéger et améliorer la vie du peuple, en répondant aux besoins réels de chaque citoyen ».

Des paroles de réconfort loin de calmer les angoisses immédiates des salariés des entreprises impactées. Prisca Raobentsoa, la responsable d’Anoka, explique : « Voilà, ça, c’était notre laboratoire de cosmétiques. Il ne nous reste plus rien. Rien du tout, que les dégâts matériels ». Dans ce laboratoire situé dans le quartier de Tana Water Front, on fabriquait des cosmétiques, des huiles essentielles, des bougies, des savons, distribués dans tous les grands hôtels de l’île. Dans la nuit du 25 au 26 septembre, une bande de casseurs pilleurs a tout ravagé. Allant jusqu’à « décoller les papiers peints et déchirer méticuleusement tous les documents administratifs ». « Tous nos outils de production ont été volés. Toutes ces machines industrielles sont vraiment onéreuses, et nous sommes incapables de savoir si aujourd’hui, on sera encore en mesure de les racheter, pour reprendre nos activités, car tout dépendait d’elles », ajoute-t-il.

Des entreprises en ruine

Plus loin, c’est un atelier de confection de sacs pour l’industrie du luxe qui a été dévasté. Un atelier qui fait vivre 500 employés et leur famille comme Victorine Rasoamalala, mère célibataire et crocheteuse depuis 15 ans. « Il n’y a plus rien, ils ont même volé toutes les aiguilles à coudre. Ici, ça représentait tout notre avenir. Cet emploi, c’est ce qui me permettait de nourrir mes trois enfants, de payer leurs études, notre loyer. Et voilà, tout ça a disparu, c’est triste », dit-elle en pleurant. Moi aussi, je subis l’absence d’eau, mais je crois que les grévistes n’auraient pas dû faire la grève. Ça conduit toujours à du pillage. Et ça nous détruit moralement ».

Les entreprises pillées ont-elles été ciblées ? Beaucoup d’entrepreneurs de la capitale en sont certains. Des exactions qui portent atteinte aux biens des opérateurs économiques, mais également à l’attractivité de l’île. Dans son communiqué, le Groupement des entreprises de Madagascar a « exhorté les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires à la protection des entreprises et de leurs salariés afin de garantir la continuité des activités économiques » et bien sûr, la sauvegarde des milliers d’emplois menacés.

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