Madagascar: les tarifs des forfaits internet au cœur d’un bras de fer entre la transition et les opérateurs

À Madagascar, le prix des forfaits internet est au cœur d’un bras de fer entre le gouvernement de transition et les opérateurs télécoms. La baisse du prix de la connexion fait partie des grandes revendications de la Gen Z, à laquelle les autorités entendent bien apporter une réponse concrète. Les prix pratiqués, jugés exorbitants par de nombreux Malgaches, s’expliquent en partie par les taxes appliquées par l’État, se défendent les opérateurs. Ceux-ci se disent prêts à revoir leurs tarifs, à condition que le gouvernement change sa politique fiscale. Mahefa Andriamampiadana, ministre du Développement numérique, précise la position des autorités.
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De notre correspondant à Antananarivo,
L’accès à des forfaits internet abordables s’est imposé comme une revendication majeure de la Gen Z au cours des dernières semaines, poussant les autorités de transition à accentuer la pression sur les opérateurs pour obtenir une baisse du prix de leurs services. Dans un communiqué conjoint publié le 26 novembre, trois ministères (celui du Développement numérique, celui de l’Économie et des Finances et celui en charge de la Communication) ont haussé le ton : « Depuis des années, les opérateurs engrangent des bénéfices colossaux sur le dos des Malgaches, qui n’ont cessé de payer leurs services au prix fort. Vous avez bâti votre réussite grâce à eux, il est temps de leur rendre ce qu’ils vous ont permis de construire. »
Sollicité par RFI, le ministre du Développement numérique, Mahefa Andriamampiadana, considère que les prix des forfaits internet pratiqués à Madagascar sont injustes : « Les familles aisées paient le giga d’internet moins cher parce qu’en achetant un gros forfait mensuel pour 200 000 ariary, elles ont accès à 100 giga. Autrement dit, 1 Giga leur revient à 2 000 ariary (environ 40 centimes d’euros). En revanche, une famille modeste, qui ne peut acheter qu’au jour le jour, devra payer 1 giga à 5 000 ariary », déplore-t-il.
Des réductions proposées par les opérateurs
Selon le communiqué publié par les trois ministères, les opérateurs ont proposé des réductions – d’environ 50% – sur trois offres de forfait internet mobile. Cet effort est un premier pas, reconnaît le ministre du Développement numérique, qui le juge néanmoins insuffisant.
« Ces offres sont conditionnées. Les opérateurs ont demandé la suppression ou la réduction de plusieurs taxes sectorielles. Cependant, cela doit s’accompagner d’engagements clairs sur la couverture du territoire, la qualité du réseau, l’investissement dans les infrastructures. C’est d’abord à eux autres de baisser leur prix pour répondre aux besoins de la population. Après cela, nous retravaillerons sur leurs demandes pour aller dans la même direction, à savoir couvrir Madagascar, quitte à faire des efforts sur les taxes », explique-t-il.
Dans un communiqué publié mardi 25 novembre, les opérateurs se sont défendus en expliquant les prix pratiqués par « des taxes sectorielles très élevées, parmi les plus élevées d’Afrique » et « des taxes réglementaires ayant explosé ces dernières années ». Les coûts de l’énergie y sont aussi pointés du doigt. Ils assurent que la suppression de certaines taxes n’engendrerait pas de baisse des recettes fiscales de l’État.
« Il s’agit de déclarations reposant sur leurs propres calculs. L’État ne peut inscrire sa politique budgétaire sur des projections d’intérêts privés », a rétorqué le gouvernement le lendemain. Sollicité par RFI, le Groupement des opérateurs de Télécommunications de Madagascar n’a pas souhaité s’exprimer, disant privilégier un dialogue constructif avec les autorités.



