Madagascar: Le textile et la vanille frappés par des droits de douane américains à 15%

À Madagascar, le directeur général des douanes l’a confirmé le jeudi 7 août après plusieurs jours d’incertitude : la vanille est bien frappée par des droits de douane à 15 % à l’entrée sur le marché américain, tout comme le textile. Ces deux secteurs moteurs de l’économie malgache, très dépendants des importations des États-Unis, en étaient jusqu’à présent exemptés grâce à l’Agoa. Si l’avenir du textile malgache semble incertain, la vanille – épice phare de la Grande Île – devrait maintenir sa compétitivité face à ses concurrents.
Si la loi américaine de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa) reste en vigueur jusqu’au 30 septembre, l’administration américaine y superpose depuis jeudi 7 août un tarif douanier « additionnel » de 15 % sur le textile et la vanille malgaches.
« Ce taux marque une amélioration comparé aux 47 % dans le scénario initial du mois d’avril. C’est un soulagement, mais il ne faut pas se méprendre : l’idéal serait d’avoir un accord commercial bilatéral avec les États-Unis ou une forme d’extension ou d’équivalent de l’Agoa, mais cette décision leur appartient », explique Ernest Lainkana Zafivanona, directeur général des douanes de Madagascar. Jusqu’à présent, seulement 1,5 % des exportations malgaches ne profitaient pas des avantages de l’Agoa.
Secteur le plus impacté avec le textile, la vanille malgache est autant taxée que la vanille ougandaise, dont la production est en augmentation. Autre pays concurrent dans ce secteur, l’Indonésie est, elle, plus taxée encore, à 19 % : « La situation n’est pas la pire qu’on aurait pu avoir, elle n’est pas idéale non plus. Il faut savoir que les États-Unis ont besoin de vanille, car eux-mêmes n’en produisent pas. La vanille malgache ne vient pas concurrencer un produit déjà présent sur le territoire américain. Il me semble donc logique d’aller dans le sens d’une non-taxation », estime Georges Geeraerts, président du groupement des exportateurs de vanille de Madagascar.
Risque d’impact sur l’économie locale
Si les nouveaux tarifs douaniers américains n’effritent pas la compétitivité de la vanille malgache face à ses concurrents, Georges Geeraerts n’exclut pas pour autant qu’ils aient des conséquences néfastes pour l’économie locale : « Quand il y a une augmentation des tarifs douaniers, c’est soit le vendeur, soit l’acheteur, soit le consommateur final qui paye la note, soit un cocktail des trois. Soit il y aura un impact sur le consommateur final, soit on va devoir vendre moins cher pour pénétrer le marché. Et c’est donc les paysans et toute la chaîne de valeur à Madagascar qui va en pâtir. »
« Quelle que soit la situation, ajoute Georges Geeraerts, il est aussi important de chercher de nouveaux débouchés, en diversifiant les produits ou les clients. C’est peut-être l’occasion de renforcer les liens avec les partenaires historiques, tels que l’Europe, qui sont déjà destinataires de volumes importants de vanille. »
Ces nouveaux droits de douane sont surtout une préoccupation pour le secteur du textile, à en croire Ernest Lainkana Zafivanona, directeur général des douanes de Madagascar : « En Afrique, pratiquement tout le monde a eu 15 %, sauf le Kenya qui a eu 10 %. Or, le Kenya fait partie du top 5 des pays exportateurs de textile dans le cadre de l’Agoa et ils ont désormais 5 % de moins que Madagascar. Comparé à Madagascar, certains grands exportateurs de textile asiatiques comme le Vietnam et le Cambodge ont aussi des avantages en termes de temps de transport en empruntant le Pacifique », observe-t-il.
Si la vanille et le textile sont désormais taxés, certains minerais critiques – comme le graphite – restent quant à eux exemptés de droits douane à l’entrée sur le marché américain.