Madagascar: le photographe Rijasolo met en avant la culture des ancêtres dans l'exposition «Terre des esprits»

Malgré tous les bouleversements que connaît Madagascar, les prises de pouvoir politique successives, il est une relation solide qui, en plusieurs décennies, ne s’est quasiment pas altérée : celle qui relie les hommes aux esprits et les humains aux ancêtres. C’est cette relation si particulière, si profonde aussi, que le photographe malgache Rijasolo, gagnant du prix WordPress photo 2022, a documenté pendant plus de 15 ans. « Madagascar, terre des esprits » est la dernière exposition de l’artiste dans la capitale Antananarivo.

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Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud

C’est une immersion dans la spiritualité des Malgaches que nous offre le photographe Rijasolo. Une plongée dans l’intime des croyances, des rites, pour, si ce n’est comprendre, au moins ressentir comment cette spiritualité rythme le quotidien de 32 millions d’âmes, bien vivantes, elles, et comment elle leur permet d’harmoniser leur vie sur terre, malgré les difficultés endurées.

Présenter la culture des ancêtres

Cette relation si unique avec l’invisible, le photographe Rijasolo l’a documentée sur plus de 15 ans. Il raconte ce qui l’a poussé à saisir ce pan immense de culture malgache et à le présenter au grand public.

« C’est une constante dans la vie des Malagasy, même s’ils ne se l’avouent pas : qu’ils soient riches, pauvres, éduqués ou pas, à la ville ou à la campagne, tout le monde a une connexion indirecte ou directe avec les esprits. Le but de ce travail-là, ça a été évidemment de mettre en lumière une identité culturelle forte liée à la Grande île. Et pour les Malagasy justement, je voulais aussi qu’ils puissent se réapproprier aussi cette culture, même par le biais du syncrétisme religieux. Qu’ils puissent se réapproprier cette culture sans entrer dans un fanatisme aveugle, ou dans une forme de prosélytisme acharné », confie Rijasolo.

Madagascar a toujours besoin d’avoir une population éduquée, à qui on apprend le jugement critique. C’est évident. Mais ce n’est pas parce qu’on veut être une nation moderne ou « développée », qu’on doit mettre de côté notre identité Malagasy. Cette culture des ancêtres, peu de gens vont se l’avouer et très peu d’hommes politiques peut-être même, mais finalement, c’est la base même de notre culture, de ce qui fait que nous avons une compréhension de l’île sur laquelle nous vivons. Cette connexion avec la nature, cette connexion avec le hasina, les choses sacrées, cette connexion avec les ancêtres, je crois que c’est quelque chose de très important pour les Malgaches.

Le photographe malgache Rijasolo

Sarah Tétaud

« Le photographe a montré les vrais visages de notre culture »

Devant la série de clichés intitulée « Fokontany Mangalaza », un visiteur est comme hypnotisé. Des chamans se réunissent sur une colline sacrée de près de Mangalaza, pour invoquer les esprits des ancêtres. Ils demandent à Zanahary, le dieu animiste malgache, et à Andriamanitra, le Dieu chrétien, de faire tomber la pluie pour les récoltes. Ces mêmes chamans qui organisent aussi des séances de guérison collective et de possession. 

« Là, vous avez le pasteur qui entre en contact avec les esprits pour guérir ces malades-là. À Madagascar, on pense que ces guérisseurs sont des sorciers. On dit sorciers, c’est toujours connoté négativement, mais là, je vois que ce sont avant tout des guérisseurs dans des régions très éloignées de l’accès à la médecine. Ils sont en première ligne. On a un peu diabolisé les coutumes. Pour moi, le photographe a montré les vrais visages de notre culture », se réjouit le visiteur.

Montrer le vrai visage de la culture malgache, comme une invitation à rester connecté avec l’impalpable, l’invisible.

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