Madagascar: la Gen Z revient sur le devant de la scène plus combative que jamais

Regrettant de ne pas avoir été consulté pour la formation du gouvernement, le mouvement à l’origine de la chute du régime d’Andry Rajoelina affirme être également confronté à des tentatives de confiscation et de réappropriation de son image. Deux événements qui l’ont conduit à réinvestir la scène politique et médiatique malgache après un silence long d’une quinzaine de jours, vendredi 7 novembre.
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Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud
À Madagascar, près d’un mois après la prise de pouvoir des militaires et dix jours après la formation d’un gouvernement pour lequel la Gen Z assure ne pas avoir été consultée, les membres du mouvement de contestation à l’origine du renversement du régime du président Andry Rajoelina ont souhaité mettre les points sur les « i », estimant avoir été doublement floués.
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Revenus ce vendredi 7 novembre sur le devant de la scène médiatique malgache via une conférence de presse après un silence d’une quinzaine de jours, le mouvement a présenté sa quasi disparition des radars comme « stratégique », dans le but de revenir mieux armé dans le paysage politique malgache.
« Si, au début, on a été des agitateurs, on entre maintenant dans une phase où l’on fait de la politique… Parce que si on veut vraiment changer les choses, on n’a pas le choix ! » lance ainsi Mugiwara, l’une des membres en charge de la coordination générale du mouvement Gen Z Madagascar, qui poursuit : « Nous sommes actuellement confrontés à un gros problème de confiscation et de réappropriation du mouvement. On n’est pas contre tous les Gen Z, bien au contraire : qui veut aider à travers la vision que nous avons formalisée sous la forme d’une charte en ligne peut nous rejoindre. En revanche, ceux qui utilisent ce nom pour véhiculer des visions et des opportunités personnelles nuisent beaucoup à ce qu’on essaie de faire ».
Et Mugiwara de prendre l’exemple du « président de la République [qui] a donné des bureaux et des moyens matériels et financiers à des gens qui se sont baptisés « Génération nationale XYZ ». Or, s’ils font office de représentants de Gen Z Madagascar auprès du gouvernement, pour nous, il ne s’agit que d’usurpateurs qui ne portent pas notre vision », déplore-t-elle.
Un grand rassemblement populaire dans la capitale le 14 novembre
Alors que Gen Z Madagascar vient d’organiser son premier séminaire national et a rédigé une proposition de feuille de route « Pour une transition souveraine et populaire », Herizo N., l’un de ses porte-paroles, prévient lui : oui, le mouvement est prêt à tendre à nouveau la main au gouvernement mais attention… si le changement n’est pas au rendez-vous, gare à la réaction de la population.
« On souhaite une discussion claire pour réfléchir à la façon de refonder le pays. Le président Michaël [Randrianirina] le sait : on a fait le combat ensemble, on était sur le terrain ensemble », explique-t-il ainsi avant de formuler cette mise en garde alors que Gen Z Madagascar vient d’annoncer la tenue d’un grand rassemblement populaire au pied de l’enceinte du stade Barea, vendredi 14 novembre, à Antananarivo : « Le peuple veut vraiment le changement et sait que l’avenir de Madagascar, c’est sa jeunesse. Donc si ce changement n’arrive pas, nous n’aurons peut-être même pas besoin de lancer des appels [à la mobilisation] : le peuple pourrait redescendre tout seul dans la rue ».
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