Madagascar: Concertation nationale – La politique au centre des débats

La concertation nationale est annoncée pour bientôt. Entre refondation et objectifs politiques, d’aucuns s’interrogent sur comment va-t-elle se dérouler et quels sont les réels objectifs.
Quels sont les objectifs de la concertation nationale ? Comment va-t-elle se dérouler ? Ces questions commencent à se faire entendre au sein du microcosme politique et auprès de quelques acteurs civils. Cependant, à entendre les différentes informations, la politique devrait avoir la part belle des débats.
Maintenant que le gouvernement est en place, la concertation nationale est la prochaine échéance attendue par bon nombre d’acteurs politiques et civils. Les tenants du pouvoir affirment que le rendez-vous sera pour bientôt. Des sources avisées confient qu’il fallait attendre la mise en place de la nouvelle équipe gouvernementale. En effet, si, au départ, il était indiqué que ce soit le Conseil oecuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) qui conduise la concertation nationale, au final, ce sera l’Exécutif qui mènera les débats.
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Selon les explications, puisque les violentes querelles politiques se sont visiblement apaisées, l’Église ne joue qu’un rôle de balise morale lors de la concertation nationale. Les débats se feront ainsi sous l’autorité de la Présidence de la Refondation de la République. Et ce sera Maître Hanitra Razafimanantsoa, ministre d’État auprès de la Présidence chargée de la Refondation, qui sera en première ligne pour le volet technique et opérationnel.
Au-delà de la forme, c’est sur le fond que les interrogations se posent sur la concertation nationale. En principe, il devrait s’agir du top départ des débats d’envergure nationale menant à la refondation. Toutefois, il est plus probable que la finalité soit essentiellement politique. Les tenants du pouvoir parlent de refondation de la République, un terme qui a déjà une résonance politique et dont la portée est la refonte du système étatique. Comme il est affirmé dans le discours officiel, les débats, sous cet angle, vont déboucher sur une nouvelle Constitution.
À s’en tenir aux différentes opinions émises sur les réseaux sociaux et dans les chaumières, notamment politiques, la forme de l’État pourrait être un des points qui seront âprement discutés en vue de la nouvelle Loi fondamentale. Viendra ensuite la question des prochaines élections. Comme l’ont déjà fait part les tenants du pouvoir, la refonte du cadre légal des élections figure également dans le chronogramme de la Transition.
Cependant, certains se préparent déjà à poser sur la table un sujet qui pourrait compliquer les débats. Il s’agit de savoir qui aura le droit ou non d’être candidat à la prochaine présidentielle. Le cas d’Andry Rajoelina, ancien président de la République, sera abordé, éventuellement sous l’angle de la double nationalité. Mais il est également probable que celui du colonel Michael Randrianirina, chef de l’État, soit aussi discuté.
Échéances électorales
Depuis la mise en place du nouveau pouvoir, un courant de l’opinion politique et civile souhaite que l’homme fort de la République s’engage à ne pas être candidat à la prochaine élection présidentielle. D’autres, en coulisses, verraient pourtant d’un bon oeil que l’officier supérieur surfe sur l’élan de popularité dont il bénéficie depuis sa prise de pouvoir pour briguer la magistrature suprême par les urnes.
À peine la Transition entamée que les états-majors politiques se préparent déjà pour les prochaines échéances électorales, en effet. « L’annonce du parti Tiako i Madagasikara de quitter la plateforme Firaisankina donne le top départ des manoeuvres en vue des scrutins à venir », opine un observateur de la scène politique. Certains appréhendent, justement, que les débats autour de la confection de la nouvelle Constitution et de la refonte des lois électorales soient biaisés par d’éventuels calculs politiques.
Il y a déjà eu un précédent, en effet. Les efforts de consultation larges et inclusifs pour la refonte des textes électoraux, en vue de la présidentielle et des législatives de 2018, avaient été court-circuités par les ambitions politiques. Pourtant, à l’époque et aujourd’hui encore, le but affirmé est d’avoir un cadre légal permettant des élections propres, apaisées et dont les résultats seront acceptés de tous.
Les observateurs espèrent ainsi que la ministre d’État Razafimanantsoa puisse transcender les intérêts et les objectifs de sa famille politique dans la conduite des débats et des travaux techniques, afin que l’issue « politique » de la concertation nationale aille dans le sens de l’intérêt général. Toujours sous l’angle politique, ce rendez-vous devrait également décider de la suite de la Transition, notamment sur le plan institutionnel.
La concertation nationale pourrait décider de l’avenir des institutions parlementaires, de la Haute Cour constitutionnelle (HCC) et de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) durant cette période transitoire. Un courant de la classe politique aurait dans l’idée de « casser » l’article 4 de la décision de la HCC du 14 octobre, qui maintient en place ces institutions et organes constitutionnels, par le biais de la résolution de la concertation nationale.
À l’allure où vont les choses, la refondation systémique voulue par un courant des acteurs civils et même politiques pourrait être reléguée au second plan. Un responsable religieux confie qu’en principe, la refondation nationale se fera « en parallèle » des débats politiques. Il indique néanmoins « qu’une refondation prend du temps et doit se faire jusqu’au plus petit détail de la vie de la nation et ne doit pas juste être cantonnée au volet politique ».

