Madagascar: après la «révolution», l'urgence de faire le pari du développement

Madagascar peut-elle utiliser le récent changement de régime comme tremplin pour l’économie du pays ? Comment la Grande Île peut-elle s’inspirer du Ghana ou du Bangladesh, des pays qui ont réussi leur transformation ? Jusqu’à ce mercredi 10 décembre, la capitale Antananarivo accueille une conférence internationale sur la croissance verte et inclusive. L’occasion pour les économistes invités de présenter leurs thèses et de pousser la réflexion, à l’heure où le pays se questionne sur le cap à choisir.
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Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud
Chercheurs, économistes, entrepreneurs étaient tous d’accord mercredi 10 décembre : la récente « Révolution » que le pays vient de vivre doit aussi être une grande opportunité.
C’est ce que défend Jean-Philippe Palasi, fondateur d’Indri, le think-and-do-tank dédié à l’environnement et coorganisateur de ces deux jours de conférence internationale. « Il y a eu déjà des bouleversements politiques à Madagascar et on est toujours revenu à un statu quo qui est : « peu de personnes de l’élite se partagent un petit gâteau ». Alors que l’enjeu, c’est de construire un très grand gâteau à travers un vrai développement dont les élites peuvent avoir leur part, mais que l’ensemble de la population peut se partager », explique-t-il.
Stopper le « pacte de statu quo »
En somme, stopper ce que l’économiste Stefan Dercon, professeur à l’université d’Oxford et auteur de Gambling on Development nomme le « pacte de statu quo », où les élites n’ont qu’un seul objectif : préserver leurs privilèges pour maintenir leurs rentes. « Le développement dans tous les pays, c’est toujours un choix intérieur, précise-t-il. Si les élites ici à Madagascar ne veulent pas changer, il n’y a rien que les bailleurs internationaux puissent faire. Ils doivent avoir la volonté politique pour le changement. »
L’économiste parle de « poches d’efficacité ». Des secteurs volontaires au changement, à l’instar « des douanes ou de la filière vanille », qui montreraient l’exemple et pourraient inciter d’autres secteurs économiques à les suivre.
Seulement, souligne Jean-Philippe Palasi, « le développement économique doit rester la priorité dans un pays où le taux d’extrême pauvreté culmine à 80% » et où trois crises – économique, sociale et environnementale – se renforcent constamment. « Par exemple, les gens sont pauvres, donc ils doivent couper des forêts. Donc, il y a moins de forêts, donc moins de pluie, donc de l’aridité, et les gens sont de plus en plus pauvres, note le coorganisateur. Et donc, c’est pour ça que le thème de cette conférence, c’est non seulement faire le pari du développement, mais d’une croissance verte et inclusive. »
Des éléments que la société civile espère voir intégrés au cœur du programme de la refondation.
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