Madagascar: Andry Rajoelina déclare avoir échappé à une tentative d'assassinat

Prévue pour être diffusée à la radio et à la télévision nationales, c’est finalement sur sa page Facebook que le président de la République a tenu son allocution à la nation. Il y a révélé qu’une tentative d’attaque contre le palais d’Ambohitsorohitra avait été planifiée en fin de semaine.
Une tentative d’attenter à sa vie. C’est ce que Andry Rajoelina, président de la République, a affirmé dans le discours diffusé sur sa page Facebook et celle de la présidence de la République, hier. Une intention qui l’aurait amené à « rejoindre un endroit sécurisé afin de protéger ma vie et éviter d’éventuels affrontements meurtriers entre Malgaches », selon ses dires.
Le locataire d’Iavoloha a confirmé à demi-mots l’information qui circule depuis dimanche après-midi sur son départ du pays. Dans son allocution, il indique aussi « être en mission à l’étranger » pour réceptionner des dons de groupes thermiques afin de résoudre le délestage. Comme pour dire qu’il est toujours aux manettes du pays. Cependant, ce sont les éventuelles intentions d’attenter à sa vie qui sont fréquemment revenues dans la prise de parole du Chef de l’État.
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Selon Andry Rajoelina, il aurait été informé « de tentative de coup d’État » et de tentatives « d’assassinat » dès le 25 septembre. Son intégrité physique aurait été de plus en plus compromise lors des événements qui ont secoué la fin de la semaine dernière. Faisant référence au groupe de militaires du Corps d’administration des personnels et des services de l’armée de terre, ou Capsat, qui se sont rebiffés samedi, le Président affirme que « initialement, ils comptaient faire cette déclaration au palais d’État d’Ambohitsorohitra, vendredi ».
D’après le président de la République, le renforcement de la sécurité du palais d’Ambohitsorohitra aurait fait que l’intention du groupe de militaires n’a pas pu se concrétiser. Il ajoute qu’à la suite des événements du week-end, « un groupe de militaires poussé par quelques politiciens a eu l’intention d’attenter à ma vie ». Sur recommandation du général Jocelyn Rakotoson, chef d’état-major de l’Armée de terre, il affirme avoir rejoint « un lieu sécurisé ».
Andry Rajoelina indique aussi avoir contacté des Chefs d’État de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et des Présidents « proches de moi ». Selon Radio France Internationale (RFI), le locataire d’Iavoloha « a été exfiltré par un avion militaire français le 12 octobre 2025. (…) Un accord avec le président Emmanuel Macron aurait permis cette exfiltration ». Questionné par la presse française sur ce point, hier, en Égypte, le locataire de l’Élysée a éludé le sujet.
Ordre constitutionnel
Dans sa prise de parole, hier, le Chef de l’État s’est employé à mettre en avant qu’il est toujours à la barre, bien que hors du pays, en ces temps de crise politique. Il n’a pas non plus pipé mot sur l’appel à sa démission qui se fait de plus en plus pressant. Même le colonel Michael Randrianirina, chef de file du groupe de militaires du Capsat, a appelé à la démission du Président, sur la place du 13 Mai, samedi en fin d’après-midi.
Le fait de souligner qu’il est en mission pourrait aussi être une manière de damer le pion aux députés de l’opposition qui veulent invoquer « l’abandon du pouvoir », prévu à l’article 52 de la Constitution, pour pousser la Haute Cour constitutionnelle (HCC) à constater la vacance à la présidence de la République. Seulement, les faits sur le terrain indiquent que Andry Rajoelina est acculé par ceux qui veulent son départ du pouvoir.
À la base, l’allocution présidentielle d’hier devait être diffusée à la radio et sur la télévision publiques RNM et TVM, à 19 heures. Cependant, une escouade de militaires a fait irruption au siège de l’Office de la radio et de la télévision malagasy (ORTM), à bord d’un blindé, pour empêcher sa diffusion. Il y aurait eu de longues négociations, avec comme facilitateur le général Démosthène Pikulas, chef d’état-major des armées. Après deux reports, le discours a finalement été diffusé sur la page Facebook du Chef de l’État et de la présidence de la République, à 23 heures.
Le locataire d’Iavoloha joue aussi la carte de l’apaisement en déclarant qu’il pardonne à ceux qui ont attenté à sa vie. Selon lui, la décision de grâce présidentielle publiée hier est aussi une marque d’apaisement. Andry Rajoelina réitère, par ailleurs, son appel au dialogue et met l’accent sur la nécessité de préserver l’ordre constitutionnel afin de ne pas mettre en péril la situation socio-économique du pays.
« Une seule voie peut nous permettre de surmonter la grave crise que nous traversons : le respect de la Constitution et des lois en vigueur dans notre pays », souligne le président de la République. Le respect de l’ordre constitutionnel est aussi la ligne défendue par la communauté internationale. Le président Macron l’a affirmé de vive voix, hier. Faisant part de la préoccupation de la France sur la situation dans la Grande Île, il appelle « à ce que l’ordre constitutionnel, la continuité institutionnelle soient préservés ».
S’agissant du mouvement de la Gen Z, Emmanuel Macron espère qu’il « ne soit pas récupéré par des factions militaires ou des ingérences étrangères ». Dans un communiqué, hier, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) « réitère le principe de tolérance zéro de l’UA à l’égard des changements anticonstitutionnels de gouvernement » et « rejette catégoriquement toute tentative de changement anticonstitutionnel du gouvernement dans le pays ».



