Au Sahel, les routes sont appelées les routes de la peur. L’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, publie un rapport qui confirme les données de l’Index du terrorisme : circuler sur les routes et les trains du Sahel devient presque impossible. Les groupes jihadistes d’Al-Qaïda ou de l’État islamique étendent leurs attaques aux abords des frontières et des grandes routes. Selon le rapport, 70 % des décès en Afrique de l’Ouest et en Afrique du Nord se produisent aujourd’hui à moins d’un kilomètre d’une route. Cette année, de nouveaux pays sont ciblés.
En 2025, les attaques dans les transports du Sahel ne cessent d’augmenter et de nouveaux pays sont désormais ciblés. L’OCDE souligne que le Cameroun est dorénavant concerné par les enlèvements, les tueries et les pillages. Les routes de l’ouest du pays, près de la frontière avec le Nigeria, sont les plus touchées.
Autre nouveauté, la violence concerne de plus en plus les grandes routes, les autoroutes et les voies ferrées. Aussi, la vitesse des attaques ne cesse de surprendre. Les rebelles anti-gouvernementaux ou les jihadistes du Sahel échappent aux poursuites des policiers et des militaires grâce à de petites motos.
Corollaire de l’insécurité grandissante, l’isolement des populations augmente. Plus elles redoutent de se déplacer, plus elles s’isolent et cessent de contribuer aux échanges économiques. Les assassinats, les vols de marchandises ruinent le pays en attaquant le cœur de l’économie et la richesse d’un pays : ses habitants et son commerce.
Les jeunes migrants, garçons et filles, sont les plus exposés sur les routes. Au Sahel central, le nombre de réfugiés sur les routes déplacent désormais le nombre de personnes locales. « Les jeunes garçons et les jeunes filles comptent parmi les plus vulnérables dans les populations migrantes. Les terroristes leur font croire qu’ils vont gagner de l’argent et de quoi donner à leur famille. Or, au lieu de cela, ils les exploitent. Les jeunes garçons sont utilisés dans les mines du trafic d’or et voient dans les routes du Sahel de quoi pouvoir migrer vers l’Afrique du Nord. Les jeunes filles, quant à elles, sont enlevées sur les routes du Sahel pour être soumises à l’esclavage sexuel. Cette mobilité sur des routes insécurisées en proie aux attaques des terroristes les rend extrêmement vulnérables », détaille Nelly Robins, géographe, chercheuse au Centre français des populations et développement et à l’Institut de recherche sur le développement.
Parmi les solutions suggérées par l’OCDE, on trouve l’appel aux gouvernements du Mali, du Niger, du Nigeria. La région du lac Tchad est aussi mentionnée. Pour maintenir la sécurité des routes et des chemins de fer, il est nécessaire de les maintenir en bon état. Le manque d’éclairage est l’un des problèmes qui accentue les attaques. En donnant aux policiers et aux soldats des motos ou des voitures plus légères que leurs blindés, les autorités pourraient améliorer la sécurité.
Si les forces des pays du Sahel n’agissent pas, ces vols et enlèvements s’étendront aux routes des pays voisins d’Afrique de l’Ouest. D’ailleurs, les rapports citent déjà la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Ghana et le Togo comme futurs pays cibles.
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