Ce mercredi 30 juillet, le Libéria observe une Journée nationale de prière, une initiative du président Joseph Boakai. Les Libériens sont appelés à se rassembler dans leurs lieux de culte dès huit heures du matin pour implorer la paix, l’unité et la réconciliation nationale. Tous les bureaux publics, commerces et marchés resteront fermés en signe de dévotion collective. Cette décision intervient trois semaines après les excuses officielles de l’État pour les atrocités commises durant les deux guerres civiles – entre 1989 et 1997, puis entre 1999 et 2003 – qui ont fait plus de 250 000 morts. Une démarche symbolique qui suscite des réactions partagées
Certains y voient un geste fort du président Joseph Boakai. Mais pour d’autres, les prières et les symboles ne suffisent plus : il faut des actes, du concret. Hassan Bility, directeur du Global Justice and Research Project, reste sceptique. « Il y a deux mois, le gouvernement a promis deux millions de dollars pour établir un tribunal spécial pour juger les crimes de guerre. Mais deux millions de dollars, ce n’est rien », exprime-t-il avant de reprendre.
« Vous avez des responsables gouvernementaux qui gagnent plus de 10 000 dollars par mois, certains utilisent trois véhicules en six ans, les maisons des députés sont payées… Les bénédictions de Dieu doivent être accompagnées d’actions concrètes ».
Autre point de friction : la date choisie le 30 juillet, au lendemain d’un sombre anniversaire. « Le massacre le plus connu de l’histoire des deux guerres civiles du Libéria a eu lieu un 29 juillet. Les soldats des forces armées du Libéria, maintenant des acteurs étatiques, sont entrés dans l’Église luthérienne et ont commencé à tirer sur les gens. Un hommage aurait dû être organisé ce jour-là, pas le 30 juillet ».
Une Journée qui ne suffit pas
Une Journée nationale de prière existe déjà au Libéria, le 1eᣴ avril. Mais pour le pasteur Simeon Dunbar, président du Liberty Christian Center Church, une seule journée ne suffit pas à guérir un pays aussi meurtri. « Nous avons besoin de prières quotidiennes. Le Liberia est une nation qui a survécu à de nombreuses guerres. À chaque tournant critique, la prière a joué un rôle déterminant pour nous remettre sur la bonne voie ».
Pour lui, les crises actuelles sont avant tout spirituelles. Et la réconciliation, réclamée par le président Boakai, ne pourra venir que si le pays retourne à Dieu.