Liberia: «Le gouvernement a montré qu’il voulait décimer le CDC», accuse le parti d’opposition de George Weah

Au Liberia, le siège du parti d’opposition de George Weah, ex-président du pays et ancienne superstar du football, a été détruit le 23 août 2025 suite à un contentieux foncier mais dont la vraie cause est politique, dénonce le Congress for Democratic Change (CDC).
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Au Liberia, la menace d’expulsion du siège du parti de George Weah, annoncée la semaine précédente, est devenue réalité. Le 23 août 2025, la police n’a pas seulement expulsé le Congress for Democratic Change (CDC) : elle a supervisé la démolition de son quartier général, occupé depuis 20 ans. Une opération spectaculaire, menée par bulldozers et forces de sécurité, le jour même où l’opposition devait tenir un grand meeting.
Pour son président par intérim, Anthony Janga Kowo, il s’agit d’une véritable ingérence politique. « Le gouvernement a clairement montré qu’il voulait décimer le CDC, lance-t-il au micro de Christina Okello. La manière malveillante avec laquelle il a procédé à cette soi-disant expulsion judiciaire en est la preuve. Des forces de sécurité ont envahi nos locaux, alors même qu’il n’y avait aucune résistance, puisque nous avions demandé à nos partisans de ne pas s’opposer à la police. Nous avions choisi de faire confiance à la justice : notre appel, déposé vendredi devant la Cour suprême, aurait dû servir de sursis d’exécution et empêcher toute expulsion. Nous sommes même allés plus loin en écrivant au ministre de la Justice pour rappeler qu’un recours était en cours d’examen et que, selon l’article 20 de la Constitution, aucune décision ne pouvait être appliquée tant que l’appel n’était pas jugé ».
« Une démonstration claire de malveillance »
Anthony Janga Kowo déplore : « Malgré cela, la démolition a eu lieu. Près de trente biens ont été détruits : un centre de formation, plusieurs boutiques, des logements. Et même un arbre symbolique du parti, appelé le sycomore, a été déraciné. C’est une démonstration claire de malveillance et de préjugés contre le CDC. »
Le président par intérim du CDC avait déposé une caution d’appel de 30 000 dollars libériens, validée par la Cour civile. Un geste qui devait en principe accorder un sursis d’exécution et empêcher toute expulsion avant la décision de la Cour suprême. Pour le CDC, c’est donc la preuve que l’opération a été précipitée et illégale. D’abord parce qu’elle a coïncidé avec un grand meeting prévu au siège samedi, les dirigeants du parti y voyant une façon délibérée de perturber leur mobilisation. Ensuite, ils rappellent qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé : le siège du CDC avait déjà été visé en 2011, lors du second tour de la présidentielle, puis en 2024. Cette répétition, disent-ils, montre que le parti au pouvoir cherche à affaiblir son principal rival. Le CDC accuse clairement le gouvernement d’ingérence dans la justice, dénonçant une campagne d’intimidation contre l’opposition, menée sous couvert de décisions de justice mais exécutée avec un déploiement policier massif.
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L’ex-superstar du football (1985-2003) et ancien président (janvier 2018-janvier 2024) du Liberia George Weah a, lui, qualifié cette expulsion de « méchanceté partisane », accusant l’administration de son successeur, Joseph Boakai, d’abus de pouvoir. Mais il a aussi lancé un appel au calme et au respect de la loi, estimant que la voix du peuple et la stabilité démocratique doivent primer. Le CDC rebondira, a-t-il assuré, promettant la construction d’un nouveau siège moderne.
Tout est parti d’un vieux litige foncier
Pour rappel, la Cour suprême du Liberia avait ordonné l’expulsion du parti de George Weah de son siège à Monrovia. Tout est parti d’un vieux litige foncier. Le siège du CDC se trouvait sur un terrain disputé entre plusieurs héritiers. En 2024, le parti de George Weah avait obtenu un droit de premier refus : autrement dit, la garantie d’être prioritaire si la famille décidait de vendre. Le CDC pensait donc pouvoir racheter le terrain. Mais la famille propriétaire a finalement refusé de finaliser la vente. Pour le CDC, c’était une violation de cet accord, et le parti a saisi la justice. L’affaire est toujours en cours devant la Cour suprême.