Les ventes d’huile d’olive en 2025 : entre reprise et défis mondiaux, les gagnants et perdants au Maghreb

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Après deux années difficiles marquées par des conditions climatiques extrêmes, le marché mondial de l’huile d’olive repart en 2025. La production mondiale devrait atteindre 3,375 millions de tonnes pour la campagne 2024/25, soit une augmentation de 32% par rapport à l’année précédente, selon les dernières estimations du Conseil Oléicole International (COI).

La reprise de la production d’huile d’olive est particulièrement notable en Europe, où l’ensemble des pays de l’Union Européenne prévoit une production de 1,973 million de tonnes, en augmentation de 29%. Cependant, cette production reste environ 13% en dessous du pic historique de 2021-2022.

L’Espagne, leader mondial incontesté, affiche une progression spectaculaire avec une production de 1,41 million de tonnes pour 2024/25, représentant environ 40% de la production mondiale. Pour la deuxième année consécutive, la Péninsule Ibérique augmente fortement sa production (+51% par rapport à 2023-2024), bien qu’elle reste encore 14% en dessous de son sommet de 2021-2022.

Sur le plan commercial, en avril 2025, le secteur espagnol a démontré une performance robuste avec des ventes totales atteignant 117 034 tonnes. Cette dynamique s’accompagne toutefois d’une baisse des prix de plus de 50% sur un an, mettant sous pression les petits producteurs.

La Grèce enregistre une production de 250 000 tonnes, en hausse de 43%, tandis que le Portugal atteint 177,000 tonnes, progressant de 21%. La Grèce renforce particulièrement sa position sur les marchés internationaux, capitalisant sur la réputation de qualité de son huile d’olive riche en polyphénols.

La Tunisie, acteur clé de la reprise

Hors Europe, la Tunisie affiche une croissance impressionnante de 55% pour atteindre 340 000 tonnes. Le pays consolide sa position de premier exportateur africain et bénéficie d’une demande croissante pour son huile d’olive biologique sur les marchés européens et moyen-orientaux. Une aubaine pour la Tunisie qui risque de voir ses exportations vers les Etats-Unis freinés par les droits de douande imposés par Trump.

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La Turquie enregistre une hausse spectaculaire de 109% avec 450 000 tonnes, devançant la Tunisie et devenant ainsi l’un des moteurs de la croissance de la production mondiale hors Europe.

La région Asie-Pacifique connaît une croissance remarquable de la consommation. Le marché de l’huile d’olive devrait croître à un taux annuel composé de 8,08% pour atteindre 19,049 milliards de dollars en 2030.

L’Italie traverse une période particulièrement difficile. Sa production a chuté de 25% pour n’atteindre que 247 000 tonnes en raison de défis climatiques majeurs. Les conséquences d’une récolte à faible rendement maintiennent les prix intérieurs de l’huile d’olive italienne plus élevés que chez ses voisins. Cette situation pousse les acheteurs internationaux à explorer des options d’approvisionnement alternatives.

Le Maroc face aux défis climatiques

Le Maroc traverse sa troisième année consécutive de baisse de production, avec seulement 90 000 tonnes prévues pour la campagne 2024/25, bien en dessous de la moyenne quinquennale de 141 600 tonnes. Cette chute dramatique s’explique par une sécheresse persistante qui dure depuis six ans, avec des précipitations inférieures de 70% à la moyenne, combinée à des températures extrêmes pendant la période de floraison.

Face à cette crise, le gouvernement marocain a pris des mesures d’urgence : suspension des droits d’importation sur l’huile d’olive vierge et extra vierge, et autorisation d’importer 30 000 tonnes pour répondre à une consommation nationale estimée à 140,000 tonnes. Les prix locaux ont flambé, atteignant 140 dirhams le litre, suscitant des inquiétudes sur d’éventuelles pénuries et fraudes.

Malgré des investissements importants (16,9 milliards de dirhams alloués à la Fédération Interprofessionnelle Marocaine de l’Olive pour l’irrigation), seuls 37,5% des oliveraies du pays sont irriguées. Ces 450,000 hectares irrigués représentent pourtant 50 à 60% de la production totale, soulignant le potentiel d’amélioration si l’irrigation était étendue au reste des oliveraies.

Des défis structurels persistants

Malgré la reprise de la production, plusieurs défis demeurent :

  • Pression sur les producteurs : La baisse rapide des prix met sous pression les petits producteurs, particulièrement en Espagne où les prix ont chuté de plus de 50% en un an.
  • Changements climatiques : Les conditions météorologiques extrêmes continuent d’affecter certaines régions productrices, notamment l’Italie et le Maroc.
  • Qualité versus quantité : Les huiles d’olive extra vierges de haute qualité deviennent de plus en plus rares, leurs valeurs montrant une plus grande résilience face à la tendance baissière générale.

Au final, les stocks mondiaux restent faibles, ce qui soutient les prix, mais les incertitudes liées au climat et aux maladies continuent d’influencer la production. La campagne 2025/2026 sera donc déterminante pour confirmer si cette reprise marque le début d’une nouvelle phase de stabilité ou si le secteur reste vulnérable aux aléas climatiques et économiques.

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