Les grands cabinets de conseil et d'audit quittent l'Afrique francophone

Derrière les départs d’Afrique francophone subsaharienne de PricewaterhouseCoopers(PwC) et EY, deux poids lourds du conseil et de l’audit, des problèmes de conformité et des coûts jugés trop lourds. Les raisons diffèrent d’un cabinet à l’autre, mais cela reste un bouleversement dans le monde des affaires africain.

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EY quittera l’Afrique francophone le 30 avril prochain. Le troisième plus grand réseau mondial de cabinets d’audit et de conseil a pris cette décision en accord avec les équipes sur place qui se constitueront en deux réseaux indépendants. Parmi les raisons de ce départ, il y a la difficulté d’adapter certaines activités africaines aux normes de son réseau mondial.

« L’Afrique et la plupart de nos pays se caractérisent par des économies plutôt informelles, témoigne Eric Nguessan à la tête du cluster EY en Afrique Francophone et basé en Côte d’Ivoire. Donc ça veut dire que si on veut faire l’audit, si on veut faire le juridique et fiscal, si on veut faire tous nos métiers en respectant 100 % des règles telles qu’elles sont appliquées aux États-Unis par exemple, parce qu’EY est une firme américaine, ça devient impossible de faire du business. Après réflexion, nous avons estimé qu’il devenait compliqué de poursuivre notre partenariat dans ces conditions, compte tenu des réalités économiques et des spécificités de nos marchés. »

Vers une perte d’attractivité ?

L’autre raison, c’est un empilement des coûts globaux, régionaux et locaux. Une accumulation de charges qui gonfle les prix finaux pour les clients.

Ce retrait d’EY n’est pas synonyme de recul, estime Eric Nguessan : « L’Afrique francophone attire aujourd’hui l’attention des investisseurs du monde entier. Il ne s’agit donc pas d’une perte d’attractivité. Bien au contraire : si nous reprenons ce business pour le structurer en réseaux, c’est parce que nous croyons en son potentiel. Ce départ s’inscrit dans une logique d’évaluation des risques et de rentabilité. EY n’a pas tourné le dos à la région, mais il est possible que notre marché soit encore trop modeste pour un groupe qui génère plus de 60 milliards de dollars. »

Une meilleure souveraineté de l’expertise africaine

Concernant PricewaterhouseCoopers(PwC), cela semble s’être passé moins en douceur. Depuis six mois, le réseau s’est retiré des 10 pays d’Afrique francophone où le géant anglo-saxon était présent. La recherche d’un ADN plus africain est un défi à relever pour les acteurs locaux qui reprennent le business.

« Les acteurs locaux vont mettre en avant leur connaissance de l’environnement. Ils vont tirer profit de tarifs plus avantageux, explique Michel Lobé Ewané, ancien rédacteur en chef de Forbes Afrique, ils pourront se positionner pour récupérer une nouvelle clientèle. Maintenant, la réalité, c’est qu’eux, ils veulent continuer à se positionner comme garantissant la qualité des Big Four. Est-ce qu’ils auront la capacité de faire face aux pressions dont ils sont souvent l’objet de la part des pouvoirs, de la part des grands groupes, etc. Ça me semble le vrai défi. »

Certains voient dans cette série de désengagements une chance pour plus de souveraineté de l’expertise et de l’audit africain.

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