Législatives au Gabon: la Cour constitutionnelle écarte les candidatures de Jean-Rémy Yama et François Ndong Obiang

Au Gabon, à une semaine du début de la campagne électorale officielle mercredi 17 septembre, en vue des élections locales et législatives du 27 septembre, la Cour constitutionnelle s’est prononcée mercredi 10 septembre sur de nombreux recours déposés par des candidats écartés du processus par le ministère de l’Intérieur, qui organise ces scrutins. Parmi les recalés, il y a l’ancien leader syndical Jean-Rémy Yama, déjà mis hors course de la présidentielle d’avril.
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Pour invalider la candidature à la présidentielle de Jean-Rémy Yama, la Cour constitutionnelle avait rejeté l’acte de naissance de sa mère, joint à son recours, et estimé qu’il ne pouvait prouver son ascendance gabonaise.
Cette fois, c’est le sien qui n’est pas accepté par la juridiction suprême, qu’il avait saisie après sa mise à l’écart de la liste des candidats par la commission d’organisation des scrutins. Celle-ci est rattachée au ministère de l’Intérieur, Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER).
Jean-Rémy Yama s’étonne, car c’est avec ce document qu’il a obtenu un passeport en 2023, et c’est aussi ce même acte de naissance qui a été accepté par le tribunal administratif de Koulamoutou, qui a validé la liste qu’il mène aux élections locales dans la province de l’Oogoué-Lolo, dans le centre du pays.
Deux élections, deux juridictions, deux recours et deux décisions contradictoires: Jean-Remy Yama dénonce un «acharnement» contre lui
Libéré des geôles d’Ali Bongo après le coup d’État de 2023 et fait sénateur de transition, Jean-Rémy Yama s’est imposé comme une des voix critiques de la gouvernance Oligui Nguema.
Un cadre de la transition également écarté
Mais la Cour constitutionnelle a aussi mis hors course une autre personnalité : l’actuel ministre de la Réforme et des Relations avec les institutions, François Ndong Obiang.
Ancien opposant devenu un des cadres de la transition et du nouveau gouvernement, François Ndong Obiang paye le conflit interne qui frappe depuis de longs mois le parti politique Réagir (pour Réappropriation du Gabon, de son Indépendance pour sa Reconstruction). Il en revendique la présidence, mais une autre aile, opposée aux autorités, l’en a exclu l’an dernier. La conséquence est que ce parti est réputé en situation de « bicéphalisme ».
C’est ce qu’avait dit la cour constitutionnelle en avril pour empêcher la candidature à la présidentielle de Michel Oungoundou Loundah, au nom de la frange « critique ».
Depuis, le différend n’a pas été tranché par la justice, la Cour a donc repris sa jurisprudence pour écarter la candidature du ministre Ndong Obiang aux législatives à Libreville et d’autres candidats qu’il présentait sous l’étiquette REAGIR.
Le PDG revient sur ses recours et dit vouloir « privilégier le dialogue »
La plus haute juridiction a en revanche vu fondre le nombre de recours à traiter suite au désistement du PDG dans plusieurs dossiers. L’ex-parti au pouvoir a notifié la semaine dernière son abandon de 20 recours introduits contre des candidatures de l’UDB, l’Union démocratique des bâtisseurs, le parti du président Oligui Nguema.
Le PDG a dit vouloir « privilégier le dialogue » mais les critiques du pouvoir y ont vu la preuve d’un pacte de non-agression entre les deux formations appelées à composer la future majorité présidentielle à l’assemblée.
Du côté de l’opposition, Alain-Claude Bilie-By-Nze dénonce une situation « abracadabrantesque ». Si son parti a obtenu gain de cause dans un dossier, plusieurs autres n’ont pu être déposés faute de notification de rejet des candidatures de la part de la CNOCER. Ensemble pour le Gabon présentera donc 17 candidats aux législatives.
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