Le Nigeria cherche «une solution sans mettre d'huile sur le feu» après les menaces américaines d’intervention

Des Nigérians de diverses confessions ont dénoncé lundi 3 novembre 2025 les menaces du président américain Donald Trump d’une intervention militaire, après les récentes attaques visant des chrétiens dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Le chercheur Vincent Foucher souligne, lui, que les autorités nigérianes tentent de « trouver une solution sans mettre de l’huile sur le feu » avec les États-Unis, « un partenaire avec lequel il faut trouver une forme d’entente ».
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Face aux accusations de Donald Trump, le Nigeria joue l’apaisement. Ce week-end le président américain a affirmé préparer une éventuelle intervention militaire sur le sol nigérian, si Abuja ne mettait pas fin à ce qu’il a qualifié d’une « campagne de persécution » contre les chrétiens, qu’il impute à des groupes jihadistes.
Abuja a rejeté ces accusations, ainsi que toute lecture exclusivement religieuse des violences en cours dans le pays. Puis, un conseiller de la présidence nigériane a suggéré que les deux chefs d’État s’en expliquent directement.
Pour Vincent Foucher, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et spécialiste de ce pays d’Afrique de l’Ouest, même face à des accusations outrancières, le Nigeria ne peut se permettre de défier les États-Unis. « C’est une manière d’essayer de trouver une solution sans mettre de l’huile sur le feu, résume-t-il à notre journaliste au service Afrique, Welly Diallo. Les États-Unis sont les États-Unis : c’est évidemment la première puissance militaire, une grande puissance économique, un partenaire commercial très important pour le Nigeria. Il y a une diaspora nigériane très importante aux États-Unis, très influente aussi. Les États-Unis sont un partenaire économique majeur. »
« Un déploiement massif de l’armée américaine me paraît très peu probable »
Il poursuit : « Un déploiement massif de l’armée américaine au Nigeria, ça me paraît très, très peu probable. Maintenant, ce qui est vrai, c’est que le Nigeria est aussi un pays qui est très soucieux de souveraineté et il y a une réalité aux rapports de force. Il y a ces questions de droits de douane, il y a toute une série d’instruments. Les États-Unis sont encore, effectivement, un acteur important pour les États qui veulent être dans le camp occidental. C’est un partenaire avec lequel il faut trouver une forme d’entente. Effectivement, c’est la marque d’un différentiel de pouvoir très, très net. »
Daniel Bwala, conseiller du président nigérian, a déclaré que son pays accueillerait favorablement l’aide des États-Unis. Mais toute action militaire contre les groupes jihadistes devait être menée conjointement, car le Nigeria est « souverain ».
Le Nigeria – divisé presque équitablement entre un nord à majorité musulmane et un sud majoritairement chrétien – est en proie à de nombreux conflits qui, selon les experts, ont tué des chrétiens et des musulmans sans distinction. Mais, ces dernières semaines, des déclarations évoquant un « génocide » contre les chrétiens au Nigeria ont trouvé un large écho dans les milieux conservateurs aux États-Unis et en Europe.



