Le Ghana accepte d'accueillir des Africains de l'Ouest expulsés des États-Unis

Le Ghana a accepté, sur demande de Washington, d’accueillir des ressortissants originaires d’Afrique de l’Ouest expulsés des États-Unis, a annoncé, le 10 septembre 2025, le président ghanéen John Dramani Mahama.

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Après le Rwanda, l’Eswatini ou le Soudan du Sud, le Ghana a accepté de recevoir des migrants expulsés par les États-Unis. C’est ce qu’a indiqué mercredi soir le président ghanéen John Dramani Mahama, lors d’une session de questions réponses organisée avec la presse.

Un accord avec les États-Unis donc, dans lequel le Ghana a posé certaines conditions, comme l’a précisé le chef de l’État, dans des propos recueillis par notre correspondant à Accra, Victor Cariou : « Nous avons été approchés par les États-Unis pour recevoir des ressortissants de pays tiers qui sont en voie d’expulsion des États-Unis. Nous avons conclu avec eux que, seuls les ressortissants d’Afrique de l’Ouest seront acceptés, étant donné que tous nos camarades ouest-africains n’ont pas besoin de visas pour venir dans notre pays. Même s’ils décidaient de venir de leur propre chef à Accra depuis les États-Unis, ils n’auraient pas besoin de visa de toute façon. Donc, s’ils nous envoient des collègues ouest-africains, nous sommes d’accord. »

Un premier groupe de 14 personnes

Et de préciser : « Je pense que cet accord est entré en vigueur. Un premier groupe de quatorze personnes est arrivé. Plusieurs d’entre eux sont des frères nigérians, ils ont décidé de rentrer chez eux. Un autre était gambien. Nous avons donc contacté son ambassade pour qu’ils puissent faciliter son retour en Gambie. »

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L’expulsion de personnes vers des pays tiers, dans lesquelles elles n’ont souvent jamais vécu, est une des mesures phares du président américain Donald Trump contre l’immigration clandestine, avec des centaines d’expulsions déjà réalisées vers le Panama, le Salvador et le Soudan du Sud.

Plusieurs questions restent en suspens

Plusieurs inconnues demeurent cependant. Elles concernent le nombre total et le profil judiciaire des migrants que le Ghana serait prêt à accepter, mais également les raisons qui ont motivé le chef d’État à valider un tel accord, souligne notre correspondant à Accra, Victor Cariou.

En acceptant d’aider les États-Unis, le Ghana chercherait-il à obtenir une exemption des droits de douanes imposés sur ses produits, actuellement de 15 % ? Ou bien Accra viserait-elle une levée des restrictions sur les visas, récemment déclarée par Washington ? Sollicitée par RFI, la présidence a indiqué ne pas avoir le temps de répondre, pour l’instant, à nos demandes de précisions.

Mais pour l’analyste en relations internationales, Vladimir Antwi-Danso, cela ne fait aucun doute : John Dramani Mahama chercherait à s’attirer les faveurs de son homologue américain. « Dans chaque accord négocié, chaque partie s’attend à des contreparties. Ce genre de transfert pacifique de personnes non désirées par les États-Unis vers le Ghana pourrait conduire à l’obtention de certains bénéfices pour le pays ».

« Solidarité régionale »

Vladimir Antwi-Danso perçoit également dans la décision du président ghanéen de n’accepter que des ressortissants originaires d’Afrique de l’Ouest une certaine forme de solidarité régionale. « Cette décision a été prise pour amoindrir les problèmes de nos compatriotes ouest-africains. Une fois qu’ils sont au Ghana, ils ne sont plus très loin de chez eux et peuvent rentrer dans leurs pays plus facilement, ou choisir de rester au Ghana ».

Ce n’est pas la première fois que John Dramani Mahama rend de tels services aux États-Unis. Lors de son premier mandat en 2016, le chef d’État ghanéen s’était déjà entendu avec Washington pour accueillir deux prisonniers de Guantánamo.

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