Le Burkina Faso, un géant discret de l’or en Afrique


Le Burkina Faso s’impose comme un acteur important de l’or en Afrique de l’Ouest, avec une production record de près de 61 tonnes en 2024. Ce dynamisme minier, qui fait de l’or le principal moteur économique du pays, soulève de nombreuses questions : répartition des revenus, impact environnemental, dépendance aux exportations, et souveraineté financière.
Avec une production aurifère de près de 61 tonnes en 2024, le Burkina Faso confirme sa place de poids lourd minier en Afrique de l’Ouest. L’or, pierre angulaire de son économie, représente plus de 84 % de la valeur totale des exportations du pays. Ce dynamisme impressionnant soulève néanmoins des questions sur la gestion de la richesse minière, la répartition des revenus, et les défis environnementaux, à l’heure où plusieurs pays africains connaissent des trajectoires similaires.
En 2008, la production d’or du Burkina Faso ne dépassait pas 5,6 tonnes. Seize ans plus tard, ce chiffre a été multiplié par plus de dix, atteignant 60,8 tonnes en 2024. Cette croissance impressionnante s’explique par la mise en exploitation de nombreuses mines industrielles : le pays compte désormais 22 permis d’exploitation industrielle valides, dont 13 mines actives.
Une économie ultra-dépendante de l’or
Selon le ministère en charge des mines, cette production a permis de générer en 2024 environ 567 milliards de FCFA (environ 1,02 milliard de dollars) de recettes directes pour le budget de l’État. Ces chiffres traduisent l’importance du secteur minier dans les finances publiques, mais également dans le développement des collectivités locales, à travers des projets communautaires et des mécanismes de redistribution. L’or constitue aujourd’hui le pilier quasi-exclusif des exportations du Burkina Faso.
En 2024, les produits miniers ont représenté 84% de la valeur totale des exportations, une hausse par rapport aux 80,4% enregistrés en 2023. Ce niveau de dépendance économique est rare, même dans les pays riches en ressources naturelles. La quasi-totalité de l’or burkinabè est exportée vers deux destinations principales : les Émirats arabes unis et la Suisse, qui ont absorbé 89,2% des exportations minières du pays en 2024. Cette concentration géographique interroge sur la diversification des partenaires commerciaux, mais aussi sur les risques liés à la volatilité des marchés internationaux.
Vers une souveraineté accrue ?
En parallèle de l’exportation, le Burkina Faso a entrepris de constituer une réserve nationale d’or. En 2024, la Société nationale des substances précieuses (SONASP) a acquis plus de 13 tonnes d’or. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de renforcer la souveraineté financière du pays, notamment face à l’instabilité du franc CFA et aux incertitudes géopolitiques mondiales.
Toutefois, cette stratégie soulève également des questions : à quel coût l’or est-il acheté par l’État ? Quel usage sera fait de ces réserves à moyen ou long terme ? Le débat reste ouvert. À l’échelle continentale, le Burkina Faso se distingue par la rapidité de son essor minier. Toutefois, il n’est pas un cas isolé. D’autres pays africains connaissent des trajectoires similaires, avec des enjeux comparables.
Ghana, Mali… la course à la performance aurifère
Le Ghana, premier producteur d’or d’Afrique, a produit plus de 130 tonnes d’or en 2023, selon la Ghana Chamber of Mines. Contrairement au Burkina Faso, le Ghana a développé un secteur artisanal plus encadré, tout en imposant davantage de régulations aux compagnies minières étrangères. Le pays a également lancé un programme de « raffinage local » pour limiter la dépendance aux exportations brutes, une initiative qui pourrait inspirer le Burkina Faso.
Le Mali, malgré une instabilité politique persistante, a produit environ 72 tonnes d’or en 2023. Le pays partage avec le Burkina Faso plusieurs défis : insécurité dans les zones minières, prédominance d’acteurs étrangers, et faible transformation locale. Toutefois, le Mali a récemment annoncé vouloir revoir les conventions minières pour augmenter la part des revenus revenant à l’État.
La question de l’après-mine
La croissance minière du Burkina Faso pose une autre question capitale : que devient une mine une fois les ressources épuisées ? C’est le thème central de la 7ᵉ édition de la Semaine des Activités Minières d’Afrique de l’Ouest (SAMAO), qui se tiendra à Ouagadougou du 25 au 27 septembre 2025.
Placée sous le thème « les défis de la réhabilitation et de la fermeture des mines en Afrique : quelle nouvelle vie pour les communautés locales ? », cette édition vise à initier un dialogue régional sur les bonnes pratiques. En effet, dans plusieurs pays africains, les mines fermées laissent souvent derrière elles des paysages dévastés, des nappes phréatiques polluées et des communautés abandonnées.