L'Afrique première victime de la destruction d'un stock de contraceptifs décidée par les États-Unis

Plus des deux tiers du stock de contraceptifs financés par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) avaient vocation à être distribués sur le continent africain. La fédération internationale des plannings familiaux, dont les antennes sur place devaient recevoir une partie de ces implants, pilules ou contraceptifs injectables, a estimé les pertes que cela représente pour les femmes qu’elle accompagne. Alice Ackermann en est la porte-parole.

Publié le :

2 min Temps de lecture

RFI : Quels pays vont être prioritairement touchés par la destruction du stock de l’USAID ?

Alice Ackermann : 77% de ces contraceptifs devaient aller à cinq pays, à savoir la RDC, le Kenya, la Tanzanie, la Zambie et le Mali. La Tanzanie est particulièrement touchée. Elle devait recevoir plus d’un million de contraceptions injectables et plus de 300 000 implants. Ces contraceptions ne seront pas distribuées. C’était l’équivalent de plus de 50% du soutien qu’ils recevaient de l’USAID par an. Cela représente toutes ces contraceptions qui vont être détruites, soit plus de 28% des besoins annuels du pays. Concernant le Mali, on va détruire plus d’un million de pilules contraceptives et plus de 95 000 implants, ce qui équivaut à 24% des besoins annuels du Mali. 

Les pays que vous venez de citer ont-ils des stocks de contraceptifs sur lesquels s’appuyer pour le moment ?

Depuis l’arrêt des financements du gouvernement américain et le gel des financements pendant plusieurs mois, ces pays ont des réserves très limitées, notamment en Tanzanie. On a, à peu près, trois mois de stock et au Kenya, ce sont cinq mois de stocks de contraceptifs. C’est extrêmement limité. Cela veut dire que dans très peu de temps, les femmes et les filles qui vont aller dans nos cliniques, dans nos plannings familiaux, ne pourront plus avoir accès à la contraception. Déjà aujourd’hui, elles n’ont plus accès au choix. C’est-à-dire qu’il n’y a que certaines méthodes qui soient accessibles et d’autres ne sont plus du tout en stock. 

Sait-on déjà combien de femmes, combien de filles vont être affectées par la destruction de cette cargaison ?

La destruction de ces contraceptifs va priver plus de 1,4 million de femmes et de filles de l’accès à des contraceptions essentielles. Des contraceptions qui, en plus, n’étaient même pas expirées. Les dates d’expiration des contraceptions qui vont être détruites sont de 2027 à 2029, donc elles sont inutilement et scandaleusement détruites. Cela veut dire que les femmes qui vont vouloir avoir une contraception n’y auront pas accès, donc ne pourront pas se protéger. Cela peut aussi mener à des grossesses chez des adolescentes non désirées. Du fait de cette destruction, on peut anticiper qu’il y aura au moins 174 000 grossesses non désirées et plus de 56 000 avortements insécurisés et à risques qui pourraient mener à la mort de jeunes femmes et de jeunes filles.

À lire aussi«Une destruction insensée»: ce que l’on sait du projet américain d’incinérer un stock de contraceptifs en Europe

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close