L’Afrique du Sud s’inquiète de l’arrivée en Eswatini de cinq criminels étrangers expulsés par Washington

L’Afrique du Sud s’inquiète d’un accord entre les États-Unis et l’Eswatini (ex-Swaziland), qui permet d’envoyer de dangereux criminels arrêtés sur le sol américain vers le royaume enclavé. Un décret américain voulu par Donald Trump autorise le transfert de criminels sans papiers vers un pays tiers. Cinq ressortissants étrangers – du Laos, du Yémen ou encore de Cuba – condamnés pour meurtre ou viol, sont ainsi arrivés récemment dans les prisons d’Eswatini. D’autres pourraient suivre.
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Avec notre correspondant à Johannesburg, Valentin Hugues
C’est une décision qui a d’abord fait trembler ce royaume enclavé d’Afrique australe. « Je vois cette décision comme une insulte, envers moi et tous les habitants de l’Eswatini. Parce que ces personnes ont commis des crimes aux États-Unis, c’est au gouvernement américain d’en assumer la responsabilité », affirme Lucky Lukhele, porte-parole de Swazi Solidarity, une organisation représentant la diaspora d’Eswatini en Afrique du Sud.
Il poursuit : « Donald Trump voit l’Afrique comme un dépotoir. Il n’y a que nos ressources qui l’intéressent, pour le reste, il y envoie des criminels dangereux. Et vous savez, la frontière entre l’Eswatini et l’Afrique du Sud est très poreuse. Le jour où ces criminels sortent, ils iront en Afrique du Sud, et il sera difficile de les retrouver ».
L’Afrique du Sud tire la sonnette d’alarme
C’est justement pour cette raison que l’Afrique du Sud, poumon économique de la région, exprime ses inquiétudes. Un communiqué officiel a été publié à ce sujet. « Le gouvernement de la République d’Afrique du Sud est profondément inquiet du profil de ces individus et de l’impact négatif sur notre sécurité nationale, compte tenu de notre proximité géographique », déclare Crispin Phiri, porte-parole du département sud-africain des relations internationales.
Si certains spéculent sur une entente financière, les contours de cet accord restent flous. Selon le gouvernement d’Eswatini, ces transferts seraient possibles uniquement en vertu des bonnes relations avec Washington.
Ces dernières semaines, le président américain tente de faire pression sur les pays africains afin qu’ils acceptent d’accueillir des personnes expulsées des États-Unis. Le sujet a notamment été abordé lors de la visite à Washington de cinq chefs d’État du continent. Le Nigeria, également approché, a déjà affirmé ne pas vouloir céder à cette demande.
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