Kinshasa : une adjudante condamnée pour avoir posé en uniforme sur les réseaux sociaux


La justice militaire congolaise a rendu, ce mercredi 29 octobre, son verdict dans une affaire qui a suscité un vif intérêt au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
L’adjudante Ebabi Bongoma Koli, poursuivie pour avoir enfreint les règles internes de l’armée en posant en tenue militaire pour une séance photo privée, a été reconnue coupable de « violation des consignes militaires ».
Une audience en flagrance au camp Kokolo
L’affaire a été jugée en procédure de flagrance, le lundi 27 octobre, par le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe. L’audience s’est tenue au sein de la 14ᵉ région militaire, au camp lieutenant-colonel Kokolo, dans la commune de Ngaliema. Selon le ministère public, représenté par le sous-lieutenant magistrat, Ghislain Lisalama, la prévenue a délibérément enfreint un télégramme du chef d’état-major général interdisant formellement aux militaires de publier sur les réseaux sociaux des photos ou vidéos en tenue militaire, afin de préserver l’image et la discipline au sein des troupes.
Les faits remontent au 19 octobre 2025. Ce jour-là, l’adjudante Ebabi Bongoma Koli s’était rendue dans un studio photo pour une séance photo en prélude à son mariage. Les clichés la montrent en uniforme militaire, arborant son grade, posant de manière intime avec son fiancé. Ces images ont ensuite circulé sur les réseaux sociaux, suscitant des réactions et alertant la hiérarchie militaire.
Un acte jugé « déshonorant » pour l’armée
Pour le ministère public, cet acte ne relevait pas d’une simple maladresse personnelle, mais d’une violation claire et consciente des consignes. « Ce comportement déshonore l’armée et constitue une infraction grave de violation des consignes militaires », a martelé le représentant du parquet militaire, demandant une sanction exemplaire afin de rappeler à l’ordre les membres des FARDC.
À la barre, l’adjudante Ebabi Bongoma Koli a reconnu avoir organisé la séance photo, mais a nié toute responsabilité dans la diffusion des images. « Je n’ai jamais eu l’intention de publier ces photos », a-t-elle déclaré calmement devant les juges. Son conseil, le sous-lieutenant Alpha Anangame, a plaidé la bonne foi de sa cliente et demandé au tribunal de faire comparaître le propriétaire du studio, présenté comme l’auteur présumé de la publication. Selon la défense, la prévenue aurait été victime d’une imprudence du photographe, qui aurait diffusé les clichés sans son accord.
Un verdict mesuré : 12 mois de prison avec sursis
Après délibération, le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe a rendu son verdict ce mercredi 29 octobre. L’adjudante Ebabi Bongoma Koli a été condamnée à 12 mois de servitude pénale avec sursis, traduisant une certaine clémence du tribunal. Cette décision se veut à la fois pédagogique et dissuasive : rappeler aux militaires leur devoir de réserve et de discipline, tout en prenant en compte le caractère personnel et non malveillant de l’acte reproché.
Cette affaire, bien qu’individuelle, illustre la vigilance accrue de la hiérarchie militaire congolaise face à l’usage des réseaux sociaux par les membres des forces de défense.
Depuis plusieurs mois, des directives strictes interdisent toute publication d’images en uniforme sans autorisation préalable, dans un contexte marqué par la lutte contre les fuites d’informations et la préservation de l’image des forces armées.