
Dimanche 27 juillet 2025, la Mauricienne Kim Le Court est entrée dans l’histoire en devenant la première coureuse africaine à porter le maillot jaune du Tour de France féminin. Cet exploit fait écho aux succès de l’Érythréen Biniam Girmay en 2024 et illustre la montée en puissance du cyclisme africain, à quelques mois des premiers championnats du monde organisés sur le continent à Kigali.
Le 27 juillet 2025 restera gravée dans l’histoire du cyclisme africain. À Quimper, Kimberley Le Court est devenue la première coureuse africaine à endosser le maillot jaune du Tour de France féminin. Cette performance de la Mauricienne de 29 ans est symbolique pour un continent en pleine ascension cycliste.
« C‘est un rêve pour moi et pour les Mauriciens. Je crois qu’ils seraient encore plus fiers de me voir porter le maillot jaune que celui de championne nationale même s’il y a déjà un peu de jaune dessus« , s’était-elle amusée avant le départ. Son sourire radieux sur le podium de Quimper témoignait d’un rêve devenu réalité après un parcours semé d’embûches.
Un parcours atypique vers l’excellence
L’histoire de Kim Le Court illustre les défis auxquels font face les cyclistes africains. Spécialiste de VTT, elle avait tenté une première incursion sur route en 2015 à 19 ans, sans succès : « Les choses ne s’étaient pas du tout bien passées. J’abandonnais ou je finissais dernière ou avant-dernière à chaque course. Ce n’était vraiment pas mémorable » raconte-t-elle à France Info. Après cet échec, elle était retournée au VTT en Afrique du Sud, où elle avait notamment été médaillée d’or de cross-country marathon aux Jeux africains en 2019.
Ce n’est qu’à la dernière minute fin 2023, qu’elle fait de nouveau le saut vers le cyclisme sur route professionnel avec l’équipe AG Insurance-Soudal. Sa progression est alors fulgurante et en 2025 elle est victorieuse de Liège-Bastogne-Liège, 5e place de Milan-San Remo et du Tour des Flandres.
Mais pour autant, Kim Le Court est une anomalie car « À Maurice, c’est compliqué pour le vélo. On fait un peu de VTT mais pour la route, il faut quitter l’île, c’est dommage« , confiait-elle à FranceInfo, pointant du doigt les difficultés infrastructurelles que rencontrent de nombreux pays africains.
L’inspiration érythréenne : Biniam Girmay, pionnier africain
L’ascension de Kim Le Court fait écho au parcours révolutionnaire de Biniam Girmay, l’Érythréen qui a marqué l’histoire du Tour de France masculin en 2024. Il est devenu le premier coureur noir africain à remporter une étape (trois au total) et s’adjuger un maillot distinctif sur le Tour, décrochant le maillot vert du meilleur sprinteur.
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« Merci à ma famille, à mon épouse, à tous les Érythréens, à tous les Africains, à tous ceux qui m’ont aidé. Maintenant, on fait partie de cette grande course. C’est aussi votre succès, c’est votre moment » avait déclaré Girmay en juillet 2024 au moment de sa première victoire.
Le parcours de Girmay, né à Asmara où il chérissait le football avant de glisser vers le vélo à 13 ans, puis passé par le Centre mondial du cyclisme à Aigle, en France, illustre la voie difficile mais possible vers l’excellence pour les cyclistes africains. En 2022, il était déjà devenu le premier cycliste africain à remporter une classique flandrienne avec sa victoire sur Gand-Wevelgem.
Une dynamique continentale en marche
L’Union cycliste internationale (UCI) a mis en place plusieurs programmes ambitieux, notamment la Stratégie Afrique 2025 du Centre Mondial du Cyclisme UCI, visant à préparer les coureurs du continent pour les Championnats du Monde Route UCI 2025 de Kigali. « Afin de s’assurer que les Africains sont prêts à réaliser de bonnes performances lors des tout premiers Championnats du Monde Route UCI organisés sur le continent africain, le CMC UCI a mis en place le projet Afrique 2025 à la fin de l’année 2022 pour certains des jeunes athlètes les plus prometteurs des pays africains » déclarait l’UCI.
« L’objectif du CMC UCI et de ses Satellites de développement continental n’est pas seulement d’identifier et de former des athlètes talentueux, mais aussi de s’assurer que chaque région du monde dispose de suffisamment de personnes qualifiées exerçant les différents métiers du cyclisme« , explique Jacques Landry, directeur du Centre Mondial du Cyclisme UCI (UCI).
Kigali 2025 : Un rendez-vous historique
L’aboutissement de cette stratégie de développement se concrétisera en septembre 2025 avec les championnats du monde de cyclisme sur route qui auront lieu du 21 au 28 septembre 2025 à Kigali, au Rwanda. Il s’agira d’une première pour le continent africain.
Le parcours promet d’être redoutable. « Sur la course en ligne masculine, ce ne sont pas moins de 5475 mètres de dénivelé positif qui attendent les coureurs sur un parcours de 267,5 km » précise le magazine spécialisé Cyclism’Actu. Le parcours est considéré comme l’un des plus difficiles de l’histoire des mondiaux, avec notamment une boucle sur le Mont Kigali (5,9 km à 6,9 %) et le Mur de Kigali (400 m à 11 % sur des pavés).
Le maillot jaune de Kim Le Court à Quimper et les victoires d’étapes de Biniam Girmay sur le Tour de France 2024 ne sont que les premières manifestations d’une révolution en cours. « Atteindre de nouveaux sommets », le slogan de Kigali 2025, résume parfaitement l’esprit d’une Afrique cycliste en marche.