Kenya: une femme prêtresse pourrait être «le cerveau» d’une nouvelle secte

Au Kenya, les autopsies des dépouilles de Kwa Binzaro démarrent cette semaine. Trente-quatre corps ont été découverts, en août 2025, dans ce village de la province de Kilifi, sur la côte. La police soupçonne qu’il s’agisse de victimes d’une nouvelle secte. Les fidèles suivaient les directives d’une prêtresse.
Publié le : Modifié le :
2 min Temps de lecture
Avec notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix
Deux ans plus tôt, à quelques kilomètres de Kwa Binzaro, près de 450 corps avaient été découverts, dans la forêt de Shakahola, des victimes du pasteur Paul Mackenzie qui prêchait un jeûne absolu pour rejoindre Jésus.
Cette fois, c’est l’inspecteur général de la police, en personne, qui a révélé le nom de celle qu’il surnomme « le cerveau » de Kwa Binzaro. Sharlyne Temba, 30 ans, fait partie des onze suspects arrêtés, mi-août. La police la présente comme une sorte de prêtresse.
Plusieurs éléments indiquent son rôle dans l’organisation du culte. D’abord, Sharlyne Temba était propriétaire d’un lot dans le village de Kwa Binzaro. Selon des sources policières, elle y a fait construire une maison en banco, composée de trois pièces à savoir deux salles de prière et une salle dite de « préparation ». C’est là, sur des bâches en PVC, que les fidèles se laissaient mourir de faim. Les dépouilles étaient ensuite roulées dans les bâches et enterrées.
Sharlyne Temba, louait également deux maisons, à Malindi, chef-lieu du comté de Kilifi. Les fidèles, recrutés dans tout le pays, transitaient dans ces demeures, avant d’être envoyés, à moto, à Kwa Binzaro.
La police enquête sur de possibles liens entre Sharlyne Temba et le pasteur Paul Mackenzie, aujourd’hui en détention. « Un survivant affirme qu’elle pouvait le joindre par téléphone », explique Matthias Shipeta, de l’ONG Haki Africa qui observe l’enquête.
La police étend ses recherches à Kwa Binzaro
Ce sont les confessions de certains des onze suspects, arrêtés depuis mi-août, qui poussent la police à étendre le périmètre de ses recherches. « Ils se souviennent avoir enterré plus de 40 corps », explique Walid Sketty, de l’ONG Vocal Africa qui observe l’enquête pour la société civile.
Les autopsies des 34 dépouilles et de la centaine de résidus humains déjà retrouvés, ont démarré cette semaine. La priorité c’est d’identifier les victimes. Pour ce faire, des radios des os les plus longs, des cranes et des dents seront réalisées selon le Docteur Johansen Oduor, chef du service de pathologie du gouvernement.
Les enquêteurs redoutent notamment que plusieurs enfants se trouvent parmi les victimes.
« Nous avons découvert dans une même tombe, le corps d’une femme et d’un petit bébé », confirme Mathias Shipeta, autre observateur de la société civile. Des objets, comme des pots pour jeunes enfants, ont également été retrouvés, notamment dans la maison de Sharlyne Temba.
À lire aussiCharnier découvert au Kenya: de possibles connexions avec le culte de Shakahola