Au Kenya, les populations autochtones sont chassées de leurs terres pour faire place à des aires protégées dans le comté d’Isiolo, au nord du pays, selon Avocats Sans Frontières (ASF) et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). Dans une étude publiée mardi 29 juillet, les deux ONG dénoncent également les violences et les pressions subies par ces communautés, qui perdent leurs traditions ancestrales sous prétexte de préserver la nature, attirer les touristes et compenser la pollution des grandes compagnies étrangères.
Les vastes savanes du comté d’Isiolo au Kenya abritent éléphants, girafes, zèbres et lions… Des espèces emblématiques que des touristes du monde entier viennent voir chaque année. Mais l’organisation Northern Rangelands Trust, qui gère ces réserves et vend également des crédits carbone – des projets « verts » financés par de gros pollueurs pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre – est accusée de violer les droits des populations locales.
« Les populations locales se voient restreindre l’accès à leurs propres terres. Ces terres sont ensuite protégées par des rangers et par la police. Lorsqu’elles manifestent ou essaient d’avoir accès aux terres, elles peuvent être elles-mêmes réprimées. Donc il y a des actes de violence qui ont été documentés tant du fait des rangers, que du fait de la police locale ou des gouvernements locaux », Gaëlle Dusepulchre, de la FIDH.
Appels à responsabilité
La plupart du temps, les populations autochtones manquent de recours. « Il y a eu des plaintes qui ont été déposées par certaines d’entre elles. Ces plaintes n’ont pas été traitées, donc n’ont pas donné lieu à investigation. Donc effectivement, il y a toute cette problématique d’accès à la justice ».
Gaëlle Dusepulchre appelle ainsi le gestionnaire Northern Rangelands Trust, les autorités locales et les bailleurs à respecter les droits de ces populations autochtones. « La préservation de la nature ne doit pas se faire sans ceux qui vivent sur ces terres », plaide-t-elle.
Pour l’instant, Northern Rangelands Trust n’a pas répondu aux sollicitations de RFI.