Kenya: la société civile dénonce l’enlèvement en Ouganda de deux défenseurs des droits humains

Cela fait bientôt une semaine que l’on est sans nouvelles de Bob Njagi et de Nicholas Oyoo. Ces deux défenseurs des droits de l’homme kényans, membres du Mouvement Free Kenya, ont été enlevés par des hommes armés en Ouganda, mercredi 1er octobre. Ils venaient alors de rejoindre la campagne présidentielle de l’opposant Bobi Wine. Des organisations de la société civile kényane et ougandaise, accusent les autorités de Kampala de les détenir au secret.
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Avec notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix
Bob Njagi et Nicholas Oyoo se trouvaient à une station-service de la banlieue de Kampala, quand plusieurs hommes armés les ont emmenés dans leur voiture. Depuis, c’est le silence radio.
« Ce sont six jours de torture et de frustration. On ne sait toujours pas où mon frère se trouve. On a parlé à l’ambassade qui a confirmé qu’ils étaient en contact avec le gouvernement ougandais, mais il n’y a rien de neuf. J’ai peur qu’ils ne reviennent jamais », s’inquiète Norbert Ochieng, le frère de Nicholas Oyoo.
Les autorités de Kampala accusées par les ONG de détenir les deux défenseurs des droits de l’homme au secret
D’après des témoignages qu’elles ont recueillis, les ONG Vocal Africa, Amnesty International et la Société kényane du droit accusent les autorités ougandaises de détenir les deux défenseurs des droits de l’homme, pour des raisons politiques.
« Nos camarades sont détenus par le gouvernement ougandais, dans une prison militaire. Et je voudrais savoir d’abord comment se portent-ils ? Quand rentreront-ils ? Mais aussi pourquoi ont-ils été arrêtés ? Est-ce un crime de s’associer à un opposant dans ces pays ? », interroge Felix Wambua, coordinateur national du Mouvement Free Kenya.
« Des témoins oculaires ont indiqué que Bob Njagi et Nicholas Oyoo ont été enlevés à Kampala par des hommes masqués, armés et en uniforme, ce qui suggère fortement que l’État ougandais est impliqué dans leur disparition. Nous soupçonnons qu’ils soient détenus, avec d’autres opposants politiques ougandais, dans des prisons militaires comme celle de Nalufenya, à Jinja, ou le Commandement du renseignement militaire (CMI), dans le quartier de Mbuya, à Kampala. Ces endroits sont connus pour leurs cas de détentions illégales, de tortures et de disparitions forcées. La détention au secret de Bob Njagi et Nicholas Oyoo a dépassé les 48 heures de garde à vue autorisées par la loi ougandaise, ce qui viole leurs droits constitutionnels à la liberté, à un procès équitable et à la protection de tout traitement cruel ou inhumain », indique, de son côté, Hussein Khalid, directeur exécutif de Vocal Africa.
Arrestations transfrontalières
Depuis juillet 2024, sept arrestations transfrontalières d’opposants ou de défenseurs des droits de l’homme ont été enregistrées en Afrique de l’Est.
« Il y a une tendance très inquiétante de répression transnationale dans toute la région. Ces gouvernements instillent une atmosphère de peur, ce qui est particulièrement inquiétant, alors que des élections sont prévues en Tanzanie, fin octobre, et en Ouganda, en janvier » tient à souligner Jennifer Mwiza, responsable de campagne pour Amnesty International en Tanzanie et en Ouganda.
En Ouganda, selon la loi, une garde à vue ne peut excéder 48 heures.
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