Kenya: inquiétude autour du sort de la forêt de Karura après la décision des autorités

Avec plus de 1 000 hectares, la forêt de Karura est la deuxième plus grande forêt urbaine au monde. Depuis 2009, grâce à l’engagement de la prix Nobel de la paix Wangari Maathai, ce sanctuaire naturel est géré conjointement par les communautés avoisinantes, regroupées dans l’Association des amis de Karura, et le gouvernement. Mais le vendredi 29 août, les autorités ont brutalement dépossédé l’association de sa gestion. Les amis de Karura ont déposé une plainte le mardi 2 septembre.
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Avec notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix
Le village de Mji Wa Huruma se trouve à la lisière de Karura. Une partie de ses habitants sont salariés ou contractuels de la forêt. Selon John Chege, employé des Amis de Karura, toute l’économie du village est menacée aujourd’hui. « Une centaine de femmes et de jeunes entretient la forêt. Notre grande inquiétude, c’est de dépendre du Trésor national. Comment serons-nous payés ? On voit les médecins et les enseignants qui ne le sont pas, alors prétendre qu’ils nous paieront, c’est un mensonge », accuse-t-il.
Ce mercredi, le conservateur en chef des forêts, a accusé les Amis de Karura de détournements de fonds. Des allégations que dément le professeur Karanja Njorogue, porte-parole du bureau de l’association, qui pense plutôt que le gouvernement a d’autres projets. « Ce qui me terrorise, c’est que cette forêt se transforme en lots pour de la prospection immobilière, pour construire des maisons, des hôtels ou autres. Juste après nous avoir expulsé la semaine passée, 250 mètres de routes goudronnées ont déjà été construits dans la forêt », dénonce le professeur.
L’association dépose plainte
Mardi, les Amis de Karura ont déposé une plainte pour suspendre la saisie des revenus de la forêt par le gouvernement. Nyaguthii Chege, présidente de l’organisation écologiste « Green Belt movement », espère que la justice apportera un peu de clarté. « Les services nationaux de la forêt ont envoyé des rangers armés. Ils avaient des fusils pour prendre le contrôle des portes. Ce que nous demandons, c’est pourquoi, alors que le système fonctionnait très bien ? Et qu’est-ce que le gouvernement prétend réparer ? », demande-t-elle.
Une première audience est prévue le 22 septembre.
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