Kenya: 75 manifestants inculpés pour terrorisme après les manifestations anti-gouvernementales

Au Kenya, au moins 75 jeunes ayant participé aux manifestations anti-gouvernementales de fin juin, début juillet ont été inculpés pour terrorisme, a annoncé ce mardi 19 août une plate-forme regroupant des juristes, des organisations de la société civile et des chercheurs. 450 manifestants ont aussi été inculpés pour des crimes graves. Ils encourent des peines allant jusqu’à la prison à perpétuité.

Francklin Wambua a quelques semaines pour préparer sa défense. Accusé de terrorisme, il vient d’être libéré sous caution après avoir passé deux mois difficiles en détention : « Là-bas, on nous frappait. On nous donnait très peu de nourriture au prétexte que l’on ne travaillait pas et aucun médicament. J’ai été frappé dans le dos, il était tout enflé. Quand j’ai demandé un médecin, ils m’ont dit : « Allonge-toi juste par terre, ça va passer » »

En plus des affaires de terrorisme, le collectif 50 millions et plus de Kényans recense 450 inculpations pour des crimes graves. Ces manifestants encourent des peines très lourdes. Maître Jane Njeri Maina, avocate : « La peine maximale pour terrorisme est de 30 ans de prison. Vol avec violences, ça peut aller jusqu’à la perpétuité, voire la peine de mort. Depuis la Constitution de 2010, seules quinze personnes ont été poursuivies pour terrorisme. Et soudain, lors des manifestations de la Manda Maano, il y en a 75. Cela montre clairement que tout ceci est un abus de la loi et du droit. »

« Je vais vous donner l’exemple d’une affaire où un officier de police affirme que son doigt a été blessé par un jet de pierre lors de la manifestation, et ce serait un acte terroriste, selon le bureau du procureur, des motifs d’inculpation comme attroupement illégal, destruction de biens serait plus approprié à ses affaires », explique Maître Jane Njeri Maina.

La loi contre le terrorisme est écrite de telle façon qu’elle exclut tous ces événements qui arrivent lors de manifestations partout dans le monde. Des manifestations risquent de provoquer des destructions de biens, des jets de pierre. C’est ce que dit l’acte quatre de la loi contre le terrorisme. Mais le bureau du procureur insiste et inculpe ces jeunes pour terrorisme. C’est pour cela que nous avons déposé un recours à la Haute Cour afin de décriminaliser la jeunesse kényane concernée par ces plaintes. Depuis la Constitution de 2010, seules quinze personnes ont été poursuivies pour terrorisme. Et soudain, lors des manifestations de la Manda Maano, il y en a 75. Cela montre clairement que tout ceci est un abus de la loi et du droit.

C’est en 2012 que le Kenya s’est doté d’une loi contre le terrorisme. Un texte largement détourné par les autorités, selon Fredrick Omondi Okello, chercheur, spécialiste des questions de sécurité pour le think tank, Knights and Dames Afrique : « L’argument de la sécurité est devenu une arme dans l’arsenal que l’État utilise contre son peuple. Si le gouvernement inculpe un adolescent de 15 ans pour terrorisme, qu’est-ce qu’il pense accomplir si ce n’est ruiné la vie de tous ces jeunes. »

Grâce à une campagne de dons, le collectif 50 millions et plus de Kényans a pu payer les cautions de 111 manifestants.

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