Kaylia Nemour triomphe à Paris : pourquoi les médias français persistent à l’appeler « franco-algérienne » ?

Kaylia Nemour et le drapeau algérien
Kaylia Nemour et le drapeau algérien

Ce week-end, Paris a été témoin d’une performance exceptionnelle de Kaylia Nemour, la gymnaste qui a brillé dans la capitale française. Pourtant, au-delà de l’exploit sportif, c’est le traitement médiatique de sa nationalité qui interroge et révèle certaines contradictions dans la presse française.

Ce dimanche 15 septembre, Kaylia Nemour a une nouvelle fois dominé les barres asymétriques aux internationaux de France de gymnastique à Paris. Cette performance confirme son statut de championne de haut niveau et marque une nouvelle étape dans sa carrière déjà brillante, quelques mois seulement après son triomphe olympique sur ces mêmes barres.

Cependant, un phénomène récurrent attire l’attention : la manière dont les médias français qualifient les sportifs selon le contexte. Kaylia Nemour est ainsi présentée comme « la franco-algérienne » dans sa présentation sur les radios comme France Info ou pour plusieurs titres de presse. Une formulation qui semble suivre des règles particulières.

Un engagement sincère envers l’Algérie

Pourtant, l’engagement de Kaylia Nemour pour l’Algérie relève d’un attachement profond et sincère. Dans une récente interview au journal L’Équipe, elle confie sans détour : « J‘ai développé beaucoup de joie et d’amour pour l’Algérie. J’ai tout le temps envie d’y retourner, de rencontrer des gens, de découvrir la culture« .

Cette déclaration révèle une dimension humaine souvent occultée par les débats sur les nationalités sportives. Pour la gymnaste, « représenter l’Algérie, le pays de mon papa, est un acte de renaissance. Un choix de cœur, mais aussi de dignité. C’est une immense fierté« , expliquait-elle au journal Horizons en mai 2025.

Son attachement va bien au-delà du sport. « C’est une richesse immense, une chance que je mesure chaque jour« , affirme-t-elle à propos de sa double culture. Elle insiste sur le fait d’avoir grandi « dans un foyer où les cultures algérienne et française cohabitaient naturellement, sans heurt, avec beaucoup d’amour et de respect« .

Aujourd’hui, son choix est définitivement acté. Interrogée sur un éventuel retour en équipe de France, elle répond catégoriquement : « Mon choix est fait, je ne reviendrai pas en équipe de France« , réaffirmant qu’elle « est très contente d’avoir ramené cette médaille pour l’Algérie« .

Des standards à géométrie variable

Ainsi, cette approche révèle une certaine géométrie variable dans le traitement médiatique des nationalités multiples. Quand un athlète comme Rayan Cherki choisit de représenter l’équipe de France, il devient simplement « français » dans les médias. Enfin, personne dans les médias hexagonaux ne présente Kylian Mbappé comme le franco-algero-camerounais. La double nationalité disparaît alors des titres pour laisser place à une identité nationale unique, celle qui correspond aux couleurs défendues.

Pourquoi maintenir systématiquement la mention « franco-algérienne » pour une gymnaste qui a explicitement choisi l’Algérie et refuse catégoriquement tout retour ? Cette persistance médiatique semble refléter une difficulté française à accepter pleinement les choix nationaux de ses talents formés sur son territoire. Pourtant la France a dans ses équipes une part très importante de sportifs aux origines africaines. Plus de la moitié des équipes de France de football ou basketball auraient pu jouer pour un autre pays !

Un reflet des rapports complexes France-Algérie

Ce traitement différencié révèle en filigrane la complexité des relations entre la France et l’Algérie, et plus largement la difficulté française à appréhender sereinement les questions de double nationalité. Il témoigne aussi d’une certaine nostalgie médiatique face à ces talents « qui auraient pu » briller sous les couleurs tricolores.

La nouvelle victoire de Kaylia Nemour ce week-end mérite d’être célébrée pour ce qu’elle est : l’exploit d’une championne exceptionnelle qui assume pleinement ses choix. Ses propres mots témoignent d’un engagement sincère et réfléchi envers l’Algérie, bien loin des calculs opportunistes parfois suggérés.

Peut-être est-il temps que les médias adoptent une approche plus cohérente, reconnaissant pleinement le choix sportif et national des athlètes, quelles que soient leurs origines multiples. Comme le dit si bien Kaylia Nemour : « Je ne le regrette pas du tout« . Cette certitude devrait suffire à clore les débats sur ses motivations et permettre de se concentrer sur l’essentiel : la beauté du geste sportif et l’émotion qu’il procure, bien au-delà des considérations de passeport.

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