Kamerhe sur la corde raide : l’alliance avec Kabila qui précipite sa chute


Isolé au Palais du Peuple, Vital Kamerhe voit sa présidence de l’Assemblée nationale vaciller. Ses appels au « dialogue national » ne seraient qu’un voile masquant une réconciliation souterraine avec Joseph Kabila, accusé à Kinshasa de soutenir l’AFC-M23. Or derrière ce mouvement armé plane l’ombre du président rwandais Paul Kagame. Un pari risqué qui pourrait coûter cher à Kamerhe.
Un président de l’Assemblée devenu suspect

Au Palais du Peuple, plus personne n’en doute : Vital Kamerhe n’a plus les cartes en main. Le président de l’Assemblée nationale, longtemps considéré comme un fin stratège, est aujourd’hui perçu comme un funambule sans filet. Ses appels récurrents à un « dialogue inclusif » ne convainquent plus. « Ses discours sont des brouillards savamment entretenus pour masquer un pacte souterrain avec Kabila », lâche, amer, un député de l’Union sacrée.
Le retour vers l’ancien patron
Depuis plusieurs mois, les signes de rapprochement avec Joseph Kabila se multiplient. Les deux hommes, jadis ennemis, renouent le contact. « Leur brouille appartient au passé. Kamerhe a compris que son avenir ne peut se jouer qu’avec l’ancien maître du jeu », confie un ancien du FCC. Mais cette réconciliation, perçue comme un calcul froid, suscite malaise et suspicion jusque dans les rangs de l’UNC.
L’ombre du M23… et de Paul Kagame
À Kinshasa, Joseph Kabila est accusé par les cercles proches du pouvoir d’entretenir, directement ou via ses réseaux, des liens occultes avec l’AFC-M23. Or ce mouvement armé est considéré par eux comme appuyé par le Rwanda de Paul Kagame. En renouant avec Kabila, Kamerhe hérite par ricochet de ce soupçon. « Dans l’opinion, la logique est implacable : qui pactise avec Kabila se rapproche aussi de Kigali », analyse un chercheur congolais.
Un diplomate africain basé à Kinshasa renchérit : « L’équation est simple et explosive : Kamerhe–Kabila–Kagame. Aux yeux de nombreux Congolais, cela fait de Kamerhe un homme politiquement disqualifié. »
Tshisekedi consolide sa position
Ironie du sort : cette manœuvre censée affaiblir Félix Tshisekedi le renforce. « Kamerhe s’est isolé tout seul. Il est désormais perçu comme l’allié objectif de Kabila et, derrière lui, du M23 et de Paul Kagame », glisse un conseiller de la présidence. Déjà, plusieurs ambitions pour lui succéder au perchoir s’affichent sans pudeur, signe que la page Kamerhe se tourne.

La chute est-elle déjà programmée? Dans les travées du Palais du Peuple, la conviction est unanime : la présidence de Vital Kamerhe ne tiendra plus longtemps. « Le Parlement est une arène cruelle. Les funambules qui jouent double jeu finissent toujours par tomber », résume un vieux routier de la politique congolaise.
Fin de parcours ?
Vital Kamerhe, qui rêvait d’incarner l’homme du consensus, risque de sortir de l’histoire par la petite porte. Sa réconciliation avec Kabila, conçue comme un coup de maître, pourrait précipiter sa perte. Dans les couloirs du pouvoir, une formule revient comme un couperet : « Kamerhe est seul… et Kigali plane. »