Justice au Kenya: déception des victimes de l’attentat de 1998 à Nairobi après le report d'un verdict

Au Kenya, c’est la déception pour les victimes de l’attentat contre l’ambassade des États-Unis. En août 1998, un commando terroriste du groupe al-Qaïda a fait exploser ce bâtiment, en plein cœur de Nairobi, tuant 213 personnes. La majeure partie des survivants et des familles de victimes, au Kenya, n’ont pas été indemnisés. En 2021, elles ont déposé une plainte afin de contraindre le gouvernement kényan, à demander des compensations à Washington. Le jugement devait être rendu ce 6 novembre, mais a été reporté.
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Avec notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix
Compte tenu de la taille du dossier, le juge estime ne pas avoir eu le temps de l’étudier correctement. Un argument qui révolte Douglas Sidialo. Il a perdu la vue dans cet attentat au Kenya. « Ce sont des excuses, s’insurge-t-il. Prétendre que le dossier est trop gros, c’est inacceptable ! Qui est derrière cette excuse ? Nous attendons ce jugement depuis tellement d’années ! Nous, les Kényans, n’avons jamais reçu de compensations. Pourquoi sommes-nous discriminés par les gouvernements kényan et américain ? »
Justus Kimathi est le président du Consortium des victimes du 7 août 1998. Pour lui, pas de doute, ce rebondissement est politique, alors que la vice-président américain J.D. Vance, est attendu à Nairobi à la fin du mois. « Je pense sincèrement qu’ils ne veulent pas rendre de jugement avant la venue du vice-président américain, lâche-t-il. Nous ne demandons pas au gouvernement kényan de nous indemniser. C’est aux États-Unis de le faire. Ils ont payé les victimes américaines, pourquoi ne pas indemniser les souffrances des Kényans ? »
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« Même notre gouvernement n’a jamais voulu reconnaître ce qui nous est arrivé »
Ruth Githuji a perdu sa mère dans l’attentat. Elle a dû quitter l’école pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle attend beaucoup de ce jugement. « C’est important parce que même notre gouvernement n’a jamais voulu reconnaître ce qui nous est arrivé, affirme-t-elle. Ils font comme si l’attaque n’avait jamais eu lieu. On n’est pas allé à l’école. Certains d’entre nous se prostituent pour manger. Mais le gouvernement, ils ne nous disent rien, ils ne font rien ».
Les États-Unis n’ont indemnisé que les victimes américaines et le personnel de l’ambassade. Plus de 5 000 survivants et proches de victimes kényanes ont rejoint la plainte collective. Le jugement est attendu le 15 janvier.
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