«Je voyais ça comme la mort»: en Côte d'Ivoire, les adolescents séropositifs entre stigmatisation et résilience

Journée mondiale de lutte contre le sida ce lundi 1er décembre. En Côte d’Ivoire, des adolescents ont hérité du VIH à la naissance. Beaucoup grandissent avec un secret qu’ils n’osent confier à personne. Ces jeunes séropositifs doivent composer à la fois avec leur traitement, la stigmatisation et la construction de leur identité, à un âge où chaque regard compte.
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Avec notre correspondant à Abidjan, Abdoul Aziz Diallo
Dans un centre de prise en charge de personnes vivant avec le VIH, à Yopougon, Djenebou, élève en classe de terminale, vient chaque mois récupérer ses antirétroviraux. Elle prend ces comprimés chaque soir, sans exception. C’est à 16 ans qu’elle a découvert sa séropositivité. Un choc dont elle se souvient encore. « Dans les débuts, c’était un peu difficile. Je n’étais pas d’accord. Je ne comprenais pas. Je voyais ça comme la mort. En même temps, je ne voulais pas suivre mon traitement, donc je tombais tout le temps malade. Mais au fur et à mesure, ma meilleure amie me consolait. Elle me disait : “Prends-les, ça va aller” », se souvient-elle.
Rebeka, elle, n’a pas connu sa mère. Le VIH l’a emportée alors qu’elle n’avait que deux mois. Aujourd’hui, à 20 ans, devenue jeune pâtissière, Rebeka a choisi de ne plus cacher son statut sérologique. Une manière, dit-elle, d’assumer son histoire et de ne plus vivre dans la peur. « Si ma maman est partie de ça, c’est que je dois bien prendre mes médicaments pour pouvoir vivre. Mes amis savent que j’ai cette maladie. Ils ne l’ont pas mal pris, au contraire. On cause bien, il n’y a rien. J’ai aussi un enfant et lui, il n’a pas la maladie », explique-t-elle.
Une baisse de 70% des nouvelles infections ces dernières années
Dans ce centre, 150 adolescents bénéficient d’un accompagnement complet : suivi clinique, soutien psychologique, écoute… Un travail mené par l’ONG Aconda, engagée auprès des jeunes vivant avec le VIH. Mais l’adolescence reste un âge fragile, rappelle la docteure Marie-Sylvie Gbeché, leur médecin traitant. « Il y a les mesures préventives qui ne sont pas respectées. Les comportements à risques aussi, surtout sur le plan sexuel. Et puis leur traitement, qu’ils ne prennent pas toujours correctement alors que c’est essentiel pour supprimer la charge virale. C’est un point très important dans le suivi du VIH », note-t-elle.
Selon le programme national de lutte contre le sida, la Côte d’Ivoire enregistre une baisse de 70% des nouvelles infections ces dernières années. Mais un défi persiste : réinventer la riposte dans un contexte de diminution des financements. « Un enjeu crucial », souligne le Dr Kouadjalé Djahoury, directeur coordinateur adjoint.
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