Ile Maurice: Un souffle d'espoir sur nos institutions

Tout n’est pas complètement perdu. Si l’annonce de la nomination de Priscilla Muthoora-Thakoor à la tête de la Banque de Maurice a été largement saluée, c’est non seulement parce qu’elle apporte une bouffée d’air frais dans le climat morose du pays, mais aussi parce qu’elle donne enfin l’impression d’une rupture dans la manière de procéder du gouvernement.

En choisissant une femme, jeune, professionnelle, expérimentée, issue de la diaspora et surtout, étrangère au sérail politique, Ramgoolam fait preuve d’audace, crée la surprise et démontre qu’avec une réelle volonté, l’espoir reste permis. La nomination de Muthoora-Thakoor envoie un message attendu depuis longtemps : la compétence peut primer sur le copinage politique.

S’il faut saluer ce signal positif du gouvernement, c’est parce que jusqu’ici, la politique du changement promis pendant la campagne électorale s’était surtout traduite par des nominations discutables, quand elles ne ressemblaient pas à des récompenses pour services rendus. À quelques exceptions qui méritent d’être soulignées.


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Dans le registre des révolutions discrètes, c’est la MBC qui se distingue en amorçant un virage considérable. L’institution redore progressivement son image, avec un bulletin d’information crédible, équilibré et apprécié, bien loin de la caisse de résonance de propagande à laquelle l’ancien régime nous avait habitués.

Une variété d’émissions – autrefois impensables – séduit aujourd’hui un public qui redécouvre avec plaisir la télévision et la radio nationales.

Le directeur de la MBC, Alain Gordon-Gentil, rappelait récemment, lors d’une émission consacrée à la liberté d’expression, que la rédaction ne fait que du «journalisme normal».

Mais aussi évident que cela puisse paraître, ce simple exercice d’un journalisme libéré de toute propagande était encore impensable il y a un an.

Reconnaître le changement à la MBC est essentiel, d’autant qu’à chaque alternance, on nous promettait une télévision de service public avant qu’elle ne soit transformée en instrument de communication politique. Pendant des années, quelle que soit la couleur du gouvernement, la MBC a été perçue comme le paillasson du pouvoir, où le journal télévisé n’était que désinformation et manipulation de l’opinion.

Les dix dernières années ont marqué le sommet de l’indécence, avec des journaux entièrement consacrés à une campagne partisane de l’ancien Premier ministre.

Faut-il rappeler les révélations des «Moustass Leaks», où l’on apprenait que les responsables de la MBC sous l’ère MSM recevaient leurs consignes ailleurs – qu’il s’agisse de la couverture de la proclamation des lauréats ou du silence imposé sur la présence de la haute-commissaire de l’Inde lors d’une fonction ?

Aujourd’hui, les téléspectateurs redécouvrent ce que devrait être la mission d’un service public : une information crédible et pluraliste, loin d’un gouvernement qui – pour l’instant – ne se considère pas comme propriétaire de la station de Moka.

Depuis l’arrivée de la nouvelle direction, les Mauriciens constatent qu’il est possible de dépolitiser la télévision nationale et d’y pratiquer un vrai journalisme de service public. Comme le souligne encore Gordon-Gentil, «les journalistes travaillent aujourd’hui dans une ambiance normale de rédaction».

Une sérénité rendue possible, selon lui, par «un pouvoir politique qui accepte cela»… Reste à savoir si cette ouverture résistera à l’épreuve du temps – et si, à l’approche des prochaines législatives, les politiques sauront garder leurs distances.

Cette nécessité de préserver l’indépendance et la liberté d’action dans la gestion des institutions publiques est également rappelée par Megh Pillay, récemment nommé à la tête d’Airports Holdings Ltd.

Serait-ce un message à ses nouveaux employeurs lorsqu’il affirme : «J’ai eu le privilège de diriger des organismes publics et parapublics importants. (..) Mes conseils d’administration et moi avons toujours bénéficié de l’espace nécessaire pour travailler de manière indépendante et obtenir des résultats solides. Cette leçon conserve toute sa pertinence aujourd’hui.»

Un rappel éminemment utile quand on sait à quel point l’ingérence politique a fragilisé notre pays et ses organismes parapublics. Or, on le sait tous : ce sont les hommes et les femmes (compétents et intègres) qui font nos institutions.

Et l’annonce d’une nouvelle gouverneure à la tête de la Banque de Maurice porte un nouveau souffle d’espoir : tout n’est pas complètement perdu !

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