Depuis 2018 , l’Association pour la protection des droits des handicapés (APDH) réclame un centre spécialisé pour les personnes atteintes d’autisme à Maurice. Sept ans plus tard, cette revendication semble enfin trouver un écho. Le mercredi 23 juillet, le ministre de la Santé, Anil Bachoo, a visité le site de l’hôpital Bruno Cheong à Flacq pour concrétiser ce projet tant attendu.
Cette initiative survient après plusieurs réunions avec les parties prenantes et organisations engagées dans l’accompagnement d’enfants et d’adultes atteints d’autisme et d’autres troubles du neurodéveloppement. Cette démarche est saluée par Ashvin Gudday, vice-président de l’APDH, qui souligne que ce projet répond à une demande récurrente.
«Depuis 2018, nous mettons l’accent sur cette maladie. Je me souviens d’un enfant souffrant d’un trouble sévère du spectre autistique interné à tort à l’hôpital BrownSequard. Or, il n’avait aucun problème psychiatrique. Il avait simplement besoin d’un accompagnement adapté.»
Pour Ashvin Gudday, cette situation illustre les lacunes du système. Il insiste sur l’importance d’une prise en charge personnalisée et d’un environnement structuré, conçu pour les personnes autistes. «Chaque cas est unique. Il est donc essentiel d’adapter l’approche médicale et sociale en fonction des besoins de chacun», soutient-il.
L’APDH plaide depuis plusieurs années pour des Special Needs Health Care Desks dans les hôpitaux publics, afin que les personnes atteintes d’autisme soient reçues par des professionnels formés. «Il faut comprendre qu’un autiste, dans certains cas, a énormément de mal à se faire comprendre. Il faut des médecins sensibilisés, des espaces calmes, un accueil différent.»
Malgré ses nombreuses représentations auprès des autorités, l’APDH déplore ne pas avoir encore eu de rencontre directe avec le ministre Bachoo. «Nous avons transmis des mémorandums depuis sept ans, mais nous n’avons jamais été reçus. Ensuite, la pandémie de Covid-19 est venue tout bouleverser. Cela dit, chaque année, nous mettons à jour notre mémorandum et cette année, nous avons mené une campagne de sensibilisation sur l’autisme. Cela nous a permis de créer un groupe de soutien entre parents, de lancer un programme Neurodiversity of Mauritius et de proposer plusieurs pistes concrètes.»
Lors du mois de sensibilisation, l’association a également soumis un mémorandum au ministre des Finances concernant l’autisme, les structures de santé, les besoins en encadrement et autres services essentiels. «Le bureau du Premier ministre nous a répondu qu’ils prenaient note. Je pense que le ministre Bachoo était en copie de cette correspondance.» Le vice-président de l’APDH appelle à davantage de concertation avec les acteurs de terrain pour que le projet de centre puisse se concrétiser dans de bonnes conditions.
Par ailleurs, il insiste sur l’importance de penser à l’après-20 ans. «Il existe des structures pour les enfants, mais dès qu’un jeune atteint de trouble du spectre de l’autisme atteint 20 ans, il devient invisible dans le système. Il faudrait ouvrir des day care centres pour les accompagner dans leur développement neuronal, car certains ont encore besoin de soutien intensif à cet âge.» Ashvin Gudday plaide pour que toute la structure d’accompagnement des personnes atteintes d’autisme soit repensée, modernisée et élargie. Car, selon lui, la société ne peut continuer à ignorer ces citoyens à part entière.